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la lanterne de diogène
8 mars 2011

Femme en 2011

 

La première décennie du 21ième siècle s'achève et la situation des femmes, après avoir enregistré une nette amélioration depuis l'après-guerre, connait une stabilisation. Le problème de la situation actuelle, c'est qu'elle peut basculer dans un sens comme dans l'autre.

 

D'abord, ce qui frappe, c'est que la Journée de la Femme est peu connue y compris dans nos pays démocratiques. Concrètement, rien ne signale cette Journée. Seuls les médias l'évoquent. Autrement dit, les couches de la population qui ne lisent pas les journaux, qui ne suivent pas les infos à la télé l'ignorent superbement. Que ce soit au travail, dans la rue, dans la circulation routière, au menu à la cantine, la Journée de la Femme passe inaperçu.

 

Maintenant, en 2011, sur bien des aspects la situation féminine régresse et quelques mesures spectaculaires ne masquent que trop bien la réalité. La réalité, c'est que les femmes font les mêmes travaux que les hommes et, en plus, gèrent la famille. Levées les premières, elles distribuent l'occupation de la salle de bain, préparent le petit-déjeuner pour tout le monde, récapitulent l'organisation de la journée pour chaque membre de la famille et planifient leurs interventions obligatoires. La reconnaissance masculine est voisine de la nullité surtout depuis la mode des « nouveaux pères » et la perception qu'ont les hommes de l'organisation des tâches ménagères. Il suffit pour un homme de passer l'aspirateur une fois par mois, d'aller chercher les enfants à l'école quand ils en ont envie, d'accompagner pendant les courses mensuelles pour qu'il soit persuadé de participer aux tâches ménagères à égalité. Il se répandra volontiers sur son rôle dans la famille auprès de ses semblables. Cette exonération permet à l'homme d'exprimer de la condescendance sur leurs collègues de travail lorsqu'elles quittent juste à l'heure pour pouvoir aller chercher les enfants à l'école et lorsqu'elles ne participent pas aux réunions en dehors des heures ouvrées. Ne parlons pas des insultes qui se veulent drôles envers les femmes au nom de l'égalité de traitement.

 

C'est cette mentalité qui considère comme acquise l'égalité, qui permet de maintenir l'écart des salaires entres les hommes et les femmes. Or, à partir du moment où l'on accepte que, à travail égal, la rémunération n'est pas égale, on accepte toutes les inégalités. À partir du moment où l'on tolère la domination sur les femmes, on tolère que n'importe qui peut être dominé de fait sinon de droit. À partir du moment où l'on accepte voire encourage que les femmes portent des vêtements distinctifs qui les désignent comme inférieures, tout comme à certaines époques, des groupes minoritaires devaient arborer des coiffures ou des couleurs distinctives, on entérine la domination. Montesquieu reconnaissait qu'on pouvait changer les lois mais qu'il était plus difficile de changer les mentalités. Les mentalités qui acceptent l'inégalité des genres, qui acceptent la domination d'un genre sur l'autre sont façonnées pour accepter toutes les inégalités, toutes les dominations.

 

Il est de toute première urgence que, au quotidien, nous refusions ces inégalités, ces dominations. Chacun de nous peut, au moins faire la remarque et inciter son entourage à en faire autant. L'idée que l'on puisse mépriser à ce point le sexe qui nous a mis au monde est non seulement abjecte mais stupide.

 

Enfin, je voulais mettre un lien avec l'entrevue quotidienne de France-Inter. Ce matin, Jour de la Femme, Patrick Cohen recevait Wassyla Tamzali

Avocate et auteure algérienne, directrice des droits des femmes à l’Unesco pendant vingt ans et Michela Marzano, Professeure de philosophie morale à l'université Paris Descartes. Eh bien non : ce matin, Jour des Femmes, France-Inter et Dailymotion n'ont pas jugé bon d'enregistrer l'entrevue. Deux intellectuelles sont moins intéressantes que le moindre politicien qui baratine. On se passera des propos indispensables de ces deux femmes en lutte en cette journée de la Femme. Ça en dit long.


- Wassyla Tamzali

Une femme en colère : lettre d'Alger aux Européens désabusés

éditeur : Gallimard

- Wassyla Tamzali et Claude Ber

Burqa ?

éditeur : Chèvre-feuille étoilée

- Michela Marzano

Le Contrat de défiance

éditeur : Grasset

 

sur le même sujet :

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/03/08/17160983.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2009/03/08/12876618.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2007/03/08/4261740.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2009/04/12/13356304.html

 

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