Télé et réalité ?

Je précise que je n'aurais jamais pensé passer du temps à commenter ça. Seulement, cette info

http://sosconso.blog.lemonde.fr/2013/04/11/allo-quoi-peut-il-vraiment-etre-depose-a-linpi/

me fait sortir d'une réserve que tout le monde comprend.

En fait, au moment où cette vidéo est sortie sur les réseaux sociaux (comme on dit), je m'étais déjà distingué en indiquant que ça ne me faisait pas spécialement marrer dans la mesure où j'ai connu des femmes comme ça. Une, en particulier, s'était retrouvée dans la dèche (loyer pas payé, aucun revenu, forcée de partager la gamelle de son mec etc.). Pourtant, ça l'empêchait pas d'acheter du shampooing de marque. J'ai alors compris que, pour une femme, il y a des choses plus importantes que manger, même quand on a un très gros appétit...

J'ai surtout été renforcé dans mon refus d'avoir un poste de télévision. Si c'est pour voir ça... Si j'ai bien compris, il s'agissait d'une vedette de la soi-disant « télé-réalité » qui commentait des séquences d'autres émissions du même jus. Déjà, j'ai du mal à comprendre l'intérêt mais enfin, il paraît que ça bat des records d'audience ces choses-là et il faut pas se moquer de ces choses-là.

Ensuite, on se rassure à bon compte en voyant la bêtise à l'état pur exposée sans pudeur ni complexe à la télévision. On se dit qu'on est intelligent assez facilement comparé à ça. Après tout, on peut en rester là. Pas si facile puisque, désormais, chaque fois qu'on va décrocher le tél, on va penser à l'autre sotte. On est coincé !

Bon, ça passera, qu'on se dit...

Certes, on sait que l'imbécilité est universelle et intemporelle. Bof, on fera avec, comme d'hab.

Et puis voilà que, patatras, on apprend que ces répliques ont été déposées. Tel que ! Là, ça devient grave. Qu'on dise des stupidités devant des millions de gens dont beaucoup ne trouvent rien à redire, il n'y a rien pour nous étonner. Qu'on bafouille, qu'on soit fatigué ou perturbé au point de débloquer, on le conçoit même si l'on ne se montre jamais indulgent envers les autres. Mais, qu'on dépose ces inepties au même titre que le brevet de Parienti

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/05/09/17835836.html

ou de Mohamed

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2012/03/17/23781794.html

là, ça pose problème.

En d'autres termes, notre époque a les moyens de protéger l'imbécilité, le déraillement permanent du cerveau, l'absence de toute forme d'intelligence humaine. Pis, comme on considère que, puisque, de toute façon, on n'est pas et l'on ne sera jamais capable de faire quoi que ce soit de remarquable ou d'utile, il faut faire avec ce qu'on a. Quand on n'a que la bêtise, il faut breveter cette bêtise, des fois qu'elle puisse servir à d'autres.

C'est merveilleux !

En réalité, il y a peut-être une explication plus prosaïque. Le temps n'est plus où l'imbécile démasqué allait se cacher au fond d'un trou. Aujourd'hui, on assume !

On revendique sa « différence » !

Oui, je suis con(ne), c'est mon droit, c'est ma manière de vivre que je revendique. J'appartiens à une forte minorité, trop longtemps opprimée ou, au moins, ridiculisée. Il est temps que ça change !

Donc, sur le conseil de mes souteneurs, je décide de breveter mes balbutiements, mon

babil, mes élucubrations, mes efforts de cordes vocales et l'effet qu'ils produisent dans mon palais et à travers les mouvements de mes lèvres. C'est long à dire mais on ne peut tout de même pas appeler ça du langage, à ce niveau-là.

Donc, les conneries que j'ai dites et qui me font passer pour ce que j'étais arrivée à dissimuler à mes semblables doivent être protégées. Désormais, tous ceux qui voudront se moquer de moi tomberont sous le coup de la loi implacable de la propriété intellectuelle.

Entre nous, a-t-elle seulement imaginé un jour avoir un rapport, même lointain, même indirect, avec l'intellect ? Elle le sait qu'elle est comme ça. Elle le sait depuis toujours. Et puis, c'est pas de sa faute. Déjà, on apprend que sa mère était d'accord pour lui payer la chirurgie plastique quand elle avait 13 ans et qu'elle se plaignait ne ne pas avoir assez de formes. C'est donc une tare héréditaire. Il faut pas se moquer de ces choses-là.

Dans le film, « Un air de famille », un personnage demande à un autre s'il pense que le chien se rend compte qu'il est paralysé. L'autre répond que lorsqu'il veut se déplacer, il doit bien comprendre qu'il ne peut pas. J'imagine qu'il doit se passer la même chose dans ce qui tient lieu de cerveau à cette vedette de la télé-réalité.

Donc, pas de ça ! Quiconque voudra se moquer en répétant les répliques désormais plus célèbres que les alexandrins de Molière malgré l'effort louable de Philippe Le Guay et Fabrice Luchini pour les vulgariser ; quiconque, sera traduit en justice et devra rendre des comptes. À moins, bien sûr, de payer des droits à l'auteur. Pour plus de précaution, on prend soin de déposer aussi les variantes probables.

Elle est pas belle la vie ?

En attendant que le reste ne soit déposé, je relève une autre réplique mémorable du même auteur : « là, c'est la guerre mondiale de 78 ».

Comme disait le grand Reiser : on vit une époque formidable !

« Alceste à bicyclette » est un film réalisé par Philippe Le Guay, sorti en 2013.