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la lanterne de diogène
12 juillet 2016

Euro 2016 de mon point de vue

Il faut bien en parler. Qu'on me permette de suite, un souvenir personnel. En 1984, je passais les épreuves de la licence qui coïncidaient avec la finale de la Coupe d'Europe de football. Parmi les exercices, il y en avait un qui consistait à comprendre et à restituer un bulletin d'une radio espagnole, enregistrée le matin même. Bien sûr, le titre et le sujet le plus développé était la finale qui opposait l'Espagne à son ennemie de toujours, la France. Or, de tous les candidats, pas un n'a évoqué ce sujet, se consacrant tous, complètement, à ceux qui traitaient de l'économie et des relations avec la CE ; notamment parce qu'ils permettaient de restituer les cours de ces trois années passées. Notamment, parce qu'il y a aussi ce mépris pour le sport médiatisé accompagné du snobisme consistant à dire : je n'y connais rien, ça m'intéresse pas, je sais même pas comment on y joue. Qu'on ne soit pas intéressé, d'accord, mais pour le reste, et d'une, il est impossible d'y échapper quand on en parle beaucoup et plus que de raison, et de deux, parce qu'à l'école, pendant les heures de sport hebdomadaires, tous les élèves pratiquent le football (entre autres), au moins une fois par an, au titre des sports collectifs. Donc, assez avec ce cran consistant à se faire passer pour ignorant et à le revendiquer pour exprimer sa singularité et, finalement, sa supériorité en se faisant passer pour un intellectuel que le divertissement populaire répugne. Personnellement, je n'y connais rien en tennis, ça ne m'intéresse plus (j'ai essayé) mais je sais comment ça se pratique, que Djokovic a gagné les Internationaux de France, que Nadal est le numéro 1 mondial chez les hommes et S. Williams chez les femmes. Et je peux le faire dans les autres disciplines dont on parle à la radio.

 

Le football ne m'intéresse pas beaucoup mais il est difficile de l'ignorer. Le reste du temps, je suis ça de loin et ça me donne ce recul que l'on n'a pas quand on est mordu. Un peu comme la connaissance de soi-même. Facile de comprendre ce qui se passe dans la tête des autres alors que dans la sienne, on n'y arrive pas. On dit toujours quand on veut appliquer une règle universelle : oui mais moi, ça marche pas parce que. Et d'avancer tous les détails qu'on connaît de soi et qu'on ne sait pas chez les autres et qui infirmeraient la règle universelle. Le football ne m'intéresse pas plus que ça, donc, mais, tous les deux ans, quand il y a un grand tournoi, je m'y remets et suis avec intérêt ce que j'espère être des grands matches. Par conséquent, j'ai bien suivi cet Euro 2016 et avec plaisir. Il m'a fallu apprendre les noms des joueurs, les reconnaître sur le terrain etc. Je parle des Bleus, naturellement, ceux que je serai appelé à retrouver dans deux ans pour le Mondial. J'avoue avoir eu plaisir à les voir jouer. À aucun moment je ne me suis dit : il manque un bon joueur dans cette partie du terrain. En d'autres termes, le véritable succès de cette équipe est de constituer un groupe, un groupe homogène et, pourquoi ne pas le dire, un groupe de copains qui se font plaisir à jouer entre eux ; et ça se voit. Ça, c'est le boulot du sélectionneur et il a réussi. Il manque – très certainement – deux ou trois excellents joueurs de clubs mais on a vu que le groupe fait mieux que s'en passer. Là encore, les mêmes causes produisent les mêmes effets. En 1998, référence absolue en France, M. Jacquet avait écarté du groupe les Cantonna, Ginola et Papin, pourtant excellents et vedettes absolues dans les pays où ils évoluaient. Cette fois, M. Deschamps en a écarté d'autres et l'on voit que ça n'a manqué à personne. Les commentateurs n'en ont même pas parlé et le grand public non plus. Comme en 2010, ce sont ceux qui, habituellement, ne suivent pas le foot, avouent détester le foot professionnel et ce qui tourne autour, qui sautent sur ces polémiques. Tout est bon, pour eux, pour faire détester le football spectacle. À plusieurs reprises, j'ai cité Les Inrockuptibles qui ont fait leur une sur Anelka afin de déblatérer sur les Bleus et le foot professionnel. Cette fois, les mêmes qui aimaient se moquer de Papin dans les années 1990 et qui se fichaient comme d'une guigne qu'il ne soit pas sélectionné, se sont passionnés pour les affaires Benzéma ; des fois qu'il y aurait eu un peu de racisme là-dedans afin de les entendre exulter : on vous l'avait bien dit que c'était pourri !

 

Eh bien non ! Il suffit de voir la compo de l'équipe de France pour voir que ça tient pas. Dès le début des années 1970, il y avait des Noirs chez les Bleus. On parlait même de « la garde noire » avec Marius Trésor et le malheureux Jean-Pierre Adams. Marius Trésor a porté longtemps le brassard de capitaine et c'est le joueur qui a été le plus sélectionné. L'argument du racisme ne tient pas dans un pays comme la France. Combien de temps a-t-il fallu aux autres pays européens d'immigration pour avoir des enfants d'immigrés dans leurs sélections ? On voit bien que ça n'est pas réalisé partout. L'équipe de France (ou d'ailleurs) ne peut fonctionner que si elle forme une équipe de copains, de gars qui s'entendent bien sur le terrain. On sait que l'Espagne a presque toujours échoué en tournoi à cause de ça, de la rivalité entre les clubs qui conduit à une guerre intestine en sélection rouge. L'échec de M. Doménech puis de M. Blanc aura été celui-là. Leurs qualités d’entraîneur ne sont pas en cause. Ils ont fait leurs preuves à un très haut niveau. M. Doménech n'a pas su choisir entre garder des anciens, des champions du monde et propulser ses « Bleuets » à lui, plus quelques autres, capables de mener l'équipe. Il n'a pas su se passer des grandes gueules. Résultat, quand les anciens sont enfin partis, il ne restait que des petites gueules, des petites frappes. Quant à M. Blanc, il a raté l'occasion qui s'offrait à lui de constituer « son » groupe et de l'emmener vers les sommets. Il a pris une équipe avec des joueurs suspendus et d'autres discrédités par le public. C'était le moment de faire le ménage et l'on n'en parlait plus. Au lieu de ça, il a tenu à démontrer qu'il ne subirait aucune pression. L'échec a été plus fort. Son successeur et ancien co-équipier chez les Bleus, champions du monde, a profité des circonstances extérieures pour trancher le nœud gordien : je le prends, je le prends pas. L'affaire est réglée et l'on n'en parle plus !

 

Euro-2016

Ma position de recul me permet aussi de voir les changements qui s'opèrent tous les deux ans, voire davantage, puisque j'avais appelé à boycotter l'équipe de France tant qu'il y aurait certaines têtes de cons que je préfère ne plus citer. D'abord, à l'extérieur. Ce qui m'a frappé, c'est le comportement des supporteurs. Il en est venu de 23 pays d'Europe. Ça n'est pas rien. Ils ont évolué dans l'hexagone sans problème (autre que les problèmes habituels des touristes). Ils se croisaient parfois en villes, avec leurs déguisements (parfois ridicules) et sans se bourrer la gueule entre eux ni se bagarrer avec leurs antagonistes. Même dans les tribunes, les supporteurs étaient parfois mélangés sans dommage. Ça me paraît être le principal succès de cet Euro en France, surtout dans un contexte pesant. Autre succès, une compétition à 24 permet de voir d'autres équipes et tout le monde a salué la fraîcheur apportée par l'Islande (forcément) ou Galles. À ceux qui reprochent ce choix à M. Platini, rappelons juste qu'à sa fondation, il y avait 21 membres de l'UEFA et qu'il y en a 54, aujourd'hui.

Les stades ont été à la hauteur. Désormais, on a des grands stades de dimensions internationales dans ce pays. Il était temps ! Ni l'Euro de 1984, ni le Mondial de 1998, n'avait permis de construire des stades de plus de 45 000 spectateurs. On me dira, il faut les remplir et c'est pas gagné quand on voit l'indigence des compétitions nationales. Certes mais pour les grands événements, on ne peut pas laisser le public étranger dehors en lui disant qu'il n'y a pas de place. On me dira aussi que c'est bien ce qu'on fait avec l'afflux des réfugiés. Comme quoi, le sport-spectacle reflète bien la mentalité d'un pays. Visiblement, on a résolu le problème des spectateurs étrangers. Reste celui des réfugiés…

 

Donc, on peut compter sur trois ou quatre grands stades, dans les trois plus grandes villes de France. On annonce un nouveau stade à Paris pour le Racing-Métro, nouveau champion de France de rugby et un autre, de 80 000 places, dans la banlieue sud, parce que la Fédération de rugby n'est pas contente du Stade de France. Ça va faire un peu comme les autoroutes. On a eu longtemps, vingt ans de retard et du jour où chaque élu a voulu son tronçon dans sa circonscription, on a bétonné les terres fertiles sans se préoccuper de savoir qui va rouler dessus en dehors des grands déplacements de vacances ni où l'on va cultiver nos futurs aliments. Idem pour les stades. Heureusement qu'il y a les anniversaires de Johnny Halliday pour remplir ces enceintes… Quand je dis que le sport-spectacle reflète bien la mentalité d'un pays.

 

Parlant des stades, tout le monde a apprécié le comportement des supporteurs, tant dedans que dehors. C'étaient des fêtards, plutôt propres, contents de se mêler à leurs antagonistes. Surtout, on a découverts les chants gallois et la claque islandaise. Beaucoup ont déploré qu'il n'y a pas le commencement d'un équivalent français. On a dit que, à part l'hymne national et « allez les Bleus », il n'y a rien. Dont acte. Déjà, on pourrait reprendre l'air des lampions. Ensuite, remarquons que la plupart des chants des supporteurs sont des chansons à succès dont on a changé les paroles. Est-il difficile d'en faire autant ? Après le Mondial de 1998, on a découvert que les joueurs chantaient dans le car la partie instrumentale du fameux tube disco « I will survive ». Voilà une piste. Les Britanniques puisent plutôt dans le patrimoine traditionnal en anglais et pas seulement britannique puisqu'ils ont repris « Swing low, sweet chariot ». Et puis, il est plus que temps de modifier quelque peu « la Marseillaise ». Finalement, il n'y a qu'un seul vers à changer, celui du fameux « sang impur » puisque, pour le reste, il suffirait d'officialiser le dernier couplet (« Amour sacré de la patrie ») en lieu et place du premier. On me dira qu'il y a plus urgent. Certes mais ça n'empêcherait nullement de traiter des problèmes urgents vu que ce ne sont pas les mêmes qui seraient sollicités. Personnellement, j'ai remarqué que dans les pays où l'on chante spontanément l'hymne national, il y a presque toujours un chant populaire alternatif. On pourrait retenir la leçon au moment où la question surgit parce que, de toute façon, on ne décrète pas ce qu'il faut aimer.

http://paroles.marseillaise.over-blog.fr/

 

Sur le plan sportif, j'ai été frappé par une évolution : la taille des gardiens de but. Désormais, ils mesurent tous plus d'1,90 m. Ils touchent la barre transversale en se hissant sur la pointe des pieds. De plus, au contraire de ce qui se passait autrefois, le gardien n'est plus la cinquième roue du chariot. Depuis les années 1980, ce sont des athlètes à part entière, qui s’entraînent dur et à part pour être au meilleur niveau. En France, il a fallu le fort caractère du Yougoslave Ivan Curkovic pour imposer le gabarit et l’entraînement intensif ; comme pour les joueurs du champ. Il a été imité et l'on ne voit plus ces gardiens avec leur casquette qui essayaient de ne pas prendre froid pendant que les autres s'amusaient. Désormais, la concurrence est rude pour ce poste moins médiatisé mais qu'aucune équipe ne néglige plus. Le Portugal doit plus à l'excellence de son gardien, Rui Patricio, de n'avoir pas été battu en finale, qu'aux joueurs du champ, plutôt ternes. En France, on a, depuis longtemps, des grands gardiens. Il devient fastidieux de les citer tous. Maintenant, en plus d'être très bons, de bien savoir placer les défenseurs, il faut qu'ils remplissent bien la cage.

 

Sur le terrain, il y a, à présent, 6 arbitres… Ceux qui sont près des cages ne servent vraiment pas à grand-chose. Il est vrai qu'on leur demande surtout de vérifier que le ballon est entré ou pas dans la cage. Pour le reste, hors-jeu, fautes, sortie de but ou corner, ils préfèrent rester en dehors. Tout ça pour ça ? Et l'autre, qui reste debout en bout de ligne médiane ? De temps à autre il soulève un panneau électronique pour appeler les joueurs à remplacer mais il ne dit rien à l’entraîneur portugais qui demeurait systématiquement en dehors de son périmètre. Je me demande même s'il n'a pas été sur le terrain de temps en temps. Avec un arbitre comme M. Collina, il aurait été expulsé rapidement. En revanche, la commission arbitrale se montre tatillonne sur la tenue. Maintenant, aucune équipe ne doit porter la moindre couleur qui se trouve sur le maillot de l'autre. Ainsi, le maillot « extérieur » de l'équipe de France est blanc avec une manche bleue et une rouge. Pas question de porter ça si l'adversaire a du rouge (ou du bleu) sur le sien. Or, ça arrive souvent. Idem pour les culottes. Ordinairement, elles sont blanches ou noires. Oui mais si l'autre porte du blanc sur lui, c'est pas possible. On remarquera que la culotte est maintenant de la couleur du maillot. Pareil pour les bas. Ils sont unis et d'une couleur qui n'est pas portée en face. En rugby, on comprend mais en football, il y a rarement des mêlées. D'ici qu'on s'en prenne aux chaussures...En plus, c'est sympa de voir ces chaussures colorées. Dans les années 1970, Puma avait lancé une gamme de couleurs sans succès. Les temps changent. Bon, ça n'a pas empêché l'arbitre de la finale de commettre sa seule erreur d'appréciation en attribuant une faute de main à un Français alors qu'elle a été commise par un Portugais. Pourtant, outre les maillots, les couleurs des bras des joueurs étaient différentes. Le but de la victoire portugaise a été marqué à la suite du coup franc qui a sanctionné cette faute commise par l'adversaire. Comme quoi…

 

Sur le plan du jeu, je remarque, de plus en plus, qu'en finale, ça n'est pas forcément le meilleur qui gagne mais celui qui défend le plus, qui sait bloquer le jeu et donc épuiser et dégoûter son adversaire. Ça c'est vérifié lors de cette finale de la Coupe d'Europe. Les Portugais n'ont jamais bien joué ; aucun match. Chaque fois, ils ont gagné à l'arrache ou contre un adversaire d'un niveau moindre. Leur vedette, Ronaldo (que je voyais jouer pour la première fois) est visiblement très bon en club mais juste passable en sélection. Il n'a montré aucune action remarquable ou décisive. En finale, son équipe a bloqué le jeu tout le temps. Pour ainsi dire, les onze Portugais sont resté en permanence dans leur camp. Contre eux, dix joueurs français ne pouvaient pas faire grand-chose. On a bien vu, dès la fin de la deuxième mi-temps qu'ils étaient épuisés. C'est ce qu'attendaient les Portugais. But magnifique de l'excellent Eder, rentré en deuxième mi-temps et autrement plus remarquable que le fameux Ronaldo

http://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Le-portugal-n-a-mene-au-score-que-73-minutes-dans-cet-euro-2016/705669

http://www.slate.fr/story/120871/portugal-euro-2016

 

bacary sagna

On se consolera en convenant qu'on a, à présent, une belle équipe de France. On sent qu'ils ont plaisir à se retrouver et à jouer ensemble. J'ai aimé voir jouer les Pogba, Gignac, Giroud, Koscielny, Payet, Coman, Umtiti et mon préféré Bacary Sagna qui a fait une excellente finale, notamment. Beaucoup de Noirs ? Et alors ?

Plus objectivement, le nombre de joueurs français qui figurent dans les classements de meilleurs joueurs nous aidera à boire le calice.

http://www.huffingtonpost.fr/2016/07/10/classement-buteurs-euro-2016-antoine-griezmann_n_10918654.html?ncid=fcbklnkfrhpmg00000001

http://www.francefootball.fr/news/Euro-2016-le-top-10-des-meilleurs-buteurs-de-l-histoire-de-l-equipe-de-france/692188

Ça devient lassant de trouver chaque fois des qualités à Antoine Griezmann. Ça fait un bien fou aussi et il n'y a pas de mal à se faire du bien avant de retrouver la somme des problèmes à la rentrée.

 

 

 

 

 

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