Philippe Gildas, Coluche et d'autres
Nombreuses vues sur cet article et surtout le commentaire de Jérémy. Soyez-en tous remerciés. http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2018/10/28/36821378.html
Il apparaît que Philippe Gildas a surtout marqué pour sa contribution fondamentale au lancement de Canal+ qui a révolutionné la télévision française. Pour reprendre une expression maintes fois employée : toujours imité mais jamais égalé.
Le Top 50 a marqué les jeunes générations de l’époque, ceux qui étaient ados et ceux qui étaient jeunes adultes. Encore une fois, c’est un peu le hasard et la nécessité (autre formule célèbre) qui a présidé à sa création : la démarche d’un journaliste rigoureux et d’un directeur consciencieux qui voulait disposer d’un outil pour mesurer la popularité de la production musicale de l’époque. Certes, on a eu droit à de la soupe mais comme l’a reconnu Jérémy, il y avait des pointures et les valeurs sures anglo-américaines et tout ce qui dépassait les frontières en général. Notons que, dans les fêtes d’aujourd’hui, les jeunes adultes puisent très souvent dans les tubes du Top 50, la musique qui va faire danser les invités alors même qu’il s’agit de la musique de leurs parents. On entend rarement la production actuelle ou la musique des années 1970. Cela dit, avouons que la musique de nos 20 ans paraît toujours la meilleure et c’est très bien ainsi.
Europe 1 a rendu hommage à son ancien animateur, journaliste, directeur, le dimanche qui a suivi l’annonce du décès de Philippe Gildas. À cette occasion, on s’est rappelé qu’il avait fait venir Coluche. Lui aussi a marqué la station et entre deux pitreries (pas toujours de bon goût) l’humoriste a eu l’idée des « Restos du Cœur » dont j’ai parfois bénéficié. On entendait les sanglots étranglés de Gildas à l’évocation de Coluche dont on rappelé le parcours d’enfant des rues, à peine lettré, à la forte personnalité qui l’a guidé vers le spectacle où il a rencontré l’immense Romain Bouteille (oublié au cours de l’émission mais ça n’était pas le propos non plus). Quand on pense aux excès, aux outrances de Coluche, on ne peut s’empêcher de penser à un autre, qui a mené une vie de bâton de chaise voire de débauche, dont l’immense fortune familiale finançait les festins, les beuveries, les orgies, l’obésité. Tout le contraire de Coluche, donc. Pourtant, les deux ont été touchés par quelque chose qui les a guidés vers un destin exceptionnel. Coluche, qui a rattrapé son enfance de vache maigre avec ses premiers cachets et adopté une bedaine dissimulée sous sa salopette, s’est consacré, fortune faite, à faire le bien avec ses fameux Restos du Cœur. L’autre s’était retiré dans le désert et vivait comme un « meskine » (~ pauvre), au dire de l’amenokal du Hoggar, devenu son ami. Que s’est-il passé ? Pourquoi ? Coluche fauché par un improbable camion. L’autre assassiné. Que s’est-il passé ? Que se serait-il passé ? Un homme entre les deux, un homme qui a connu l’un et qui a souvent séjourné dans l’ancien ermitage de Charles de Foucauld pour s’y recueillir et observer les étoiles. L’Abbé Pierre – car c’est lui – n’a sûrement pas converti Coluche à la défense des pauvres car il était déjà convaincu. Philippe Gildas racontait que, chez lui, dans une petite boite en fer, dans la cuisine, se trouvaient des billets de 500 f, soigneusement pliés, pour que ses amis dans le besoin puissent y puiser discrètement. Coluche n’a pas été transformé car il n’a jamais oublié d’où il venait mais quelque chose s’est passé.
Philippe Gildas semblait inépuisable en évoquant Coluche. Alors, les éloges après sa mort sont méritées mais on découvre ou redécouvre que s’il a été le grand professionnel que tous reconnaissent, s’il a été l’animateur de Canal+ que tous appréciaient, c’est parce qu’il était d’abord un homme digne de ce nom.
France-Inter a rappelé son bref passage dans la station, pour une saison, peu avant l’éclatement de l’ORTF, pour préciser que c’était lui qui avait inventé la matinale telle qu’on la connaît partout. Avec le mépris que, sans doute, on cultive dans les écoles de journalisme, pour tout ce qui se faisait avant, Mme Barbat a indiqué qu’avant lui, il y avait un animateur qui racontait des blagues entre les informations. Elle ajoutait que, depuis, il y a un journaliste, un vrai, qui prend les rênes pour en faire une véritable session d’information. C’est sans doute le premier journaliste, effectivement, à qui l’on a confié la matinale mais, Yves Mourousi avait inventé ce qu’il appelait le « magazine », après l’édition de 13 heures, où il recevait des invités du monde de la culture et du reportage. Philippe Gildas a donc révolutionné la matinale mais il y a eu des animateurs après lui, dont Gérard Sire qui lui a succédé. Plus tard, Pierre Douglas, ancien journaliste, a aussi animé la matinale mais en tant qu’humoriste. Enfin, dans les années 1990, Patricia Martin a officié, en annonçant des disques et des nouvelles légères ou graves pour tempérer un peu la dureté des informations à l’heure de partir au boulot. Il y en a eu d’autres, sur France-Inter et non des moindres, comme Jacques Paugam. De son côté, Philippe Gildas est donc parti sur Europe 1 où il a fait les beaux jours de la station ou plutôt, les beaux matins et y a rencontré son épouse, la speakerine Maryse ; couple à l’antenne comme à la ville.
Reste que la mention de tous ces grands noms ne doit pas faire oublier que, au-delà des souvenirs personnels, cette évocation avait pour but d’attirer l’attention sur cette sale maladie, le cancer, qui emporte dans des souffrance atroces ceux que nous aimons.
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