les DS ont soif
Juste un intermède sans importance à propos de bagnoles. Il y a bien longtemps que je ne suis plus les sorties de modèles, surtout depuis que chacune est accompagnée d’une justification tendant à démontrer qu’on n’attendait que ça. Et puis, je garde un mauvais souvenir d’une émission consacrées à l’automobile à la télévision, voici moins de vingt ans, où l’on présentait un modèle (Lancia, je crois) qui consommait 20l aux cents. Comment peut-on autoriser un tel véhicule ? À quoi servent toutes les réglementations ? Le citoyen ordinaire s’entend culpabiliser à longueur de journées sur sa consommation d’énergie, d’eau, d’alcool (ce qui est très bien d’ailleurs tant que c’est de l’information) et, à côté de ça, les rues des villages sont éclairées toute la nuit, les riches se paient des bagnoles sans souci de l’épuisement des hydrocarbures et l’on pousse par tous les moyens à la consommation de vin. Juste un rappel en passant : la moitié du glyphosate utilisé est pulvérisé sur les seules vignes…
Sinon, je croyais m’épargner un long article sur la marque DS en abordant
Les boyards et après ? réponse de Jérémy
Considérations autour de la bagnole (réponse à Jérémy)
Voilà ce que j’écrivais :
Je veux faire, depuis longtemps, un article sur la marque DS pour m’étonner de ces modèles dérivés avec quelques options onéreuses en série et des phares un peu plus en amande mais loin d’une vraie gamme Premium. À côté, des modèles haut de gamme signés Peugeot alors même qu’ils devraient sortir avec le logo DS puisque c’est sa raison d’être… Je ne sache pas que DS soit un succès.
Ce à quoi Jérémy a répondu :
Je ne sais pas si DS est un succès en demi-teinte ou un flop mais à mon sens l'idée de départ n'était pas judicieuse. S'il s'agissait de créer une marque haut-de-gamme 100% française, nous disposons de carrossiers et de bureaux de style talentueux, dont beaucoup de projets ambitieux, concept-cars et variantes ont été malheureusement recalés par les firmes auxquelles elles avaient été proposées. Quant aux idées, il suffit d'aller voir du côté de chez des constructeurs indépendants tels que Venturi pour constater qu'elles ne manquent pas. Citroën a préféré s'inspirer de Lexus, branche luxueuse de Toyota devenue une marque à part entière. Mais le résultat est loin d'être comparable. Lexus nourrissait une ambition : se faire l'égale japonaise de Mercedes. La firme s'en est donné les moyens, produisant des voitures statutaires rappelant les Mercedes qui d'entrée de jeu ont su conquérir les marchés américain et européen. Le succès n'est venu que plus tard au Japon où les modèles étaient jusqu'en 2005 vendus sous la marque Toyota.
DS part d'une appellation ou du moins pas au public auquel s'adressent les DS. Sur ce terrain, la concurrence est rude et des plus affûtées : les néo-Mini motorisées par BMW, les néo-Fiat 500, les néo-Twingo, autant de voitures-gadgets en PVC pas précisément conçues pour braver les décennies, mais elles ne sont pas faites pour ça. Ce sont des joujoux déguisés en autos, des caprices de filles de bonne famille et de bobos provinciaux. Sur les segments dits Premium, c'est toute la nébuleuse des crossover, SUV et autres berlines pseudo-luxueuses allemandes, anglo-indiennes, coréennes, japonaises qu'il convient de défier, mais sur d'autres bases qu'un teasing renouvelé autour de l'éternel prochain super haut-de-gamme DS.
(voir les textes complets dans les articles cités)
Le logo DS fait penser à ces assemblages réalisés par les enfants avec des objets qu’ils ont sous la main, parfois une série toute semblable, et qu’il prétendent faire ressembler à quelque chose qui leur tient à cœur. En général, ils vous posent la question ingénument : T’as vu, tu sais ce que c’est ? Eh ben, c’est mon chien. En y regardant à deux fois, on retrouve, en effet, les caractéristiques essentielles du chien. En regardant bien les 3 triangles assemblés, on peut deviner les fameuses deux lettres mythiques si l’on a gardé son imagination d’enfant.
Or, la lecture de GÉO m’a fait découvrir une marque d’automobiles inconnue de moi. Encore une fois, je ne suis pas une référence. J’en parle parce que, comme d’habitude avec l’Internet et les liens actifs, de fil en aiguille, je suis tombé sur un papier consacré à la Peugeot 508. Silhouette allongée, phares rectangulaires, vague air de Mustang, bref, selon moi, tout pour intégrer une gamme premium. Pourtant, elle sort avec le logo léonesque ; encore une occasion ratée ? Il y a pourtant là de quoi frapper un grand coup avec un modèle haut-de-gamme, ambitieux et pas un dérivé de ce qui existe déjà. Dans nos échanges, Jérémy avait fait remarquer que Talbot, à la fin des années 1970, ne disait plus rien à personne, du moins pas aux acheteurs potentiels. Surtout, il était évident, même sans avoir fait HEC ni Sup de Co, qu’il fallait sortir un vrai modèle en même temps que la « nouvelle » marque pour attirer l’attention. Une des nombreuses erreurs stratégiques de Peugeot, au long de ces dernières décennies, a été de simplement rebadger des modèles déjà bien installés. Voilà qu’ils recommencent avec DS qui semble, selon des observations personnelles, attirer surtout des conductrices qui ont les moyens d’acheter du confort mais qui ont simplement besoin d’une petite voiture (DS 3) pour faire les courses ou chercher les enfants, autrement dit des utilisations qui ne prennent pas beaucoup de temps.
https://www.peugeot.fr/gamme/nos-vehicules/508.html
C’est dans ce contexte qu’on apprend enfin une bonne nouvelle. D’abord, le groupe PSA se porte bien et c’est heureux quand on se souvient qu’il a fallu une nationalisation déguisée et provisoire (l’État détient 13,7 % du capital soit autant que sa participation dans l’ancienne entreprise nationale Air France), une recapitalisation, écarter la famille, appeler à la rescousse l’ancien PDG d’Airbus, M. Gallois, nommer à sa tête le successeur éconduit de M. Gohsn chez Renault pour en arriver là. Le mérite de M. Tavarès est grand puisque, non seulement il devait redresser un groupe mal en point, vieillissant, mal conduit mais, en plus, digérer l’acquisition d’Opel dont même GM ne voulait plus. On dit que, maintenant, PSA est un groupe de taille mondiale. Surtout, il accorde une prime exceptionnelle à ces salariés les plus modestes et c’est ça qui nous intéresse.
On peut y voir trois choses. D’abord, il paraît naturel que, lorsque on fait des bénéfices, ils soient répartis équitablement entre tous ceux qui ont permis la réussite. Pourtant, on sait que ça ne va pas de soi et que, à l’aune de l’ultralibéralisme, même en cas de superprofits, il ne faut rien faire qui augmente les coûts de production. Or, selon les tenant de l’École de Chicago et du barrisme en France, le travail n’est pas un facteur de production (comme le proclamaient les courants représentés par les classiques et les marxistes) mais un coût. Par conséquent, on maintient des salaires bas pour ne pas mécontenter les actionnaires qui réclament des dividendes à deux chiffres.
Ensuite, sans vouloir douter de l’élan humaniste de M. Tavarès pour récompenser équitablement tous les agents de production de son groupe, on peut penser que ce geste est bon pour la communication. L’image du groupe en sort renforcée auprès des clients et notamment ceux de la classe moyenne : on est rassuré quand on achète auprès d’une entreprise qui se porte bien et l’on apprécie qu’on n’oublie pas des salariés qui vous ressemblent. Enfin, on peut penser que le mouvement des gilets-jaunes y est un peu pour quelque chose.
https://www.autoplus.fr/psa/actualite/PSA-Prime-Salaries-Carlos-Tavares-Syndicats-1536126.html
Alors, maintenant, quelle est donc cette marque qui m’est inconnue ? Il s’agit de Cupra dont j’apprends qu’elle est espagnole, ce dont je ne me serais jamais douté, ignorant les modèles SEAT dont elle est une filiale dite sportive à part entière. Curieusement, ça rejoint les réflexions (un bien grand mot) sur DS car enfin, sur les pages de GÉO, on est frappé par le logo, très professionnel, qui suggère, d’emblée, le haut-de-gamme. On a l’impression de découvrir une marque étrangère, qui vient juste d’obtenir sa licence d’exportation mais qui est ultra connue ailleurs pour sa fiabilité et son confort. Rien à voir, donc, avec les 3 ><> de DS (et dire que ça a dû coûter un pognon dingue pour faire ça…) Ensuite, des modèles qui partent (selon mes connaissances limités) des plateformes de SEAT mais avec une motorisation et une carrosserie qui font oublier les modèles bon marchés du groupe VW. Et puis, quand on voit les logos des marques du groupe français, il y en a quand même un qui fait tache…