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la lanterne de diogène
30 août 2019

Retour de vacances 2019 - (1) - la route et le 80 (encore)

L’été est l’occasion de sortir de son trou et d’observer d’autres semblables que ceux qui nous entourent au quotidien. Et puis, il m’est venu l’idée de réaliser les premiers couplets de la très belle chanson de Jean Ferrat, « Ma France » (chantée par Francesca Solleville, c’est un chef d’œuvre) :

De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine
Je n'en finirai pas d'écrire ta chanson
Ma France

Au grand soleil d'été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche
Quelque chose dans l'air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France

Pas trop les moyens de s’attarder en chemin cette année encore, donc beaucoup de route. L’an dernier, je pointais le 80 km/h. Finalement, rien de ce que j’avais prévu ne s’est réalisé. Les Français n’ont pas trouvé d’amendes dans leur boites aux lettres à leur retour. Il faut dire que la peur a incité les plus impatients à se ranger sous un pépère 80. Autrement dit, beaucoup d’automobilistes roulent très en dessous et parfois font des dizaines de kilomètres à 70 à l’heure, ce qui implique des baisses à 60. Quand tu te trouves derrière ça et que tu fais de la route, t’es pas arrivé… Oui, j’ai dû ronger mon frein plusieurs fois. À titre d’exemple, un parcours de 225 km environ depuis la Haute-Provence jusqu’à Marseille m’a coûté plus de la moitié de mon réservoir, c’est à dire autant qu’un parcours pénible, une journée classée rouge, sur 410 km fortement encombrés, quelques jours plus tard. On nous dit que c’est pour la sécurité mais l’agacement, des contraintes horaires (ne serait-ce qu’éviter une grande ville à l’heure de pointe), incitent à prendre des risques pour rattraper le temps passé derrière. À ceux qui aiment culpabiliser les automobilistes, qui s’en sont fait une spécialité et une raison de vivre, je réponds à l’avance qu’il ne s’agit pas de rouler vite pour le plaisir. Derrière un véhicule plus lent, on doit adapter en permanence sa conduite à celui qui précède et ça peut être dangereux car le conducteur qui roule lentement est souvent un peureux qui freine dans des circonstances inhabituelles. On s’en rapproche tout le temps. Donc, la distance de sécurité n’est plus respectée. Si on laisse du large, c’est celui de derrière qui rattrape. Par conséquent, on ne peut pas prévoir et l’on doit redoubler de prudence. Autre cas de figure, un PL qui roule à 80 ou, plus fréquemment, à 90 km/h. Pourquoi le doubler à cette vitesse ? Simplement parce qu’on ne voit rien derrière et qu’on ne peut pas anticiper sur un danger éventuel. Lui, voit l’obstacle (un cycliste par exemple) et doit ralentir car il ne peut se déporter pour le dépasser, au contraire d’un simple VL. Donc, les donneurs de leçons, ceux qui assènent des généralités sur le machisme de l’automobiliste, sur le prolongement du pénis que serait la voiture (si, si, je l’ai lu souvent), sur les femmes plus prudentes, sur les bons pères de familles qui acquièrent le sens des responsabilités en même temps que la paternité, feraient bien de cesser de larguer sur les autres leurs propres problèmes avec la conduite.

À propos, t’as remarqué que, lorsque tu avoues avoir dépassé la vitesse limitée, systématiquement ton interlocuteur, quel qu’il soit, te fait les gros yeux, se permet une remarque sur ton imprudence, ton inconscience ? C’est à croire que, en dehors de toi-même, la route n’est empruntée que par de bons conducteurs, respectueux à la lettre de tous les articles du code de la route. C’est à se demander qui te double en franchissant la ligne droite, qui traverse les agglomérations en ralentissant à peine, qui occupe deux places de stationnement quand les places sont restreintes etc.

Comme pour les résultats d’audiences des radios, j’émets les plus grandes réserves sur des nombres statistiques qui ignorent les comportements humains. Les assureurs nous assurent que les départements alpins sont peuplés de bons conducteurs et ils en tiennent comptent. Il suffit d’y circuler occasionnellement ou en permanence pour se convaincre du contraire (et ne parlons pas de l’état des carburateurs puisque les contrôles de pollution sont irréalisables. Simplement, comme il y a moins de véhicules en circulation, il y a moins d’accidents et ne parlons pas de leurs comportements quand ils se retrouvent dans les grandes villes avec des usagers qui surgissent de partout à la fois.

80 - philippe

Pour en finir (?) avec le 80, il avait été proposé de conserver le 90 et sa logique de limitations (30-50-70-90-110-130), facilement explicable aux frontières, mais de multiplier les tronçons limités à 70 en raison de leur dangerosité. Comme le Gouvernement est obstiné et tient à montrer qu’on ne la lui fait pas, il avait rejeté la proposition en arguant du coût de la pose de ces nouveaux panneaux : plus facile de dire que c’est 80 partout. Or, on voit sur les anciennes grandes nationales (et sur les dernières nationales) une pléthore de panneaux. On alterne sans arrêt le 80 et le 90, dès qu’il y a une zone de dépassement. Pis, au bout de cette zone, un panneau blanc nous indique « fin de limitation de vitesse à 90 ». En clair, ça veut dire qu’on peut donc dépasser le 90 alors que c’est justement le contraire. Quand tu vois le panneau « fin de limitation de vitesse à 70 », ça veut bien dire que tu peux passer à 80, non ? Donc, non seulement on a multiplié les panneaux mais, en plus, ils sont erronés… Comme si l’on n’en était pas à une gabegie près, on a annoncé fièrement, avant l’été, que, finalement, c’est le Conseil Départemental qui décide de la vitesse limitée dans son ressort. C’est vrai que, désormais, le réseau routier est de sa compétence mais il y a longtemps que les routes départementales ne sont plus seulement empruntées pour la desserte locale. Et puis, va savoir quand tu changes de département quelle est la vitesse autorisée ! Cette histoire de 80, c’est le grand n’importe quoi. Ça caractérise bien l’action gouvernementale. Le Gouvernement prend une décision forte mais, face à l’impopularité, refile le bébé aux exécutifs territoriaux. Quand l’un avance, l’autre recule. Comment veux-tu ?

 

Cet été, il m’a semblé remarquer que les cyclistes de tout poil ont révisé leur attitude. Que ce soient des sportifs du dimanche, avec leurs beaux maillots hyper colorés, des familles, des cyclotouristes chargés, ils roulent désormais en file indienne, conformément au code de la route, dès qu’ils entendent un moteur. Pourvu que ça dure ! Là encore, y en a marre des donneurs de leçons qui font remarquer que, parce que le cycliste n’est pas protégé, il ne serait jamais en tort en cas de conflit ou, pire d’accident. En montagne, un peloton à la sortie d’un virage serré n’est pas visible. Que doit faire un automobiliste s’il y a un véhicule sur la voie opposée : se payer les derniers du peloton ou le véhicule d’en face ? Dans les deux cas, tu as tort. Si tu renverses les derniers cyclistes, c’est que tu allais trop vite ; même si tu était à 30 ou 40. Si tu rentres dans le véhicule d’en face, tu es un inconscient qui a doublé dans un virage sans visibilité. Sans compter que tu dois rester maître de ton véhicule etc. etc. tout ça est dans le code.

 

80 - panneaux

Autre tendance lourde, la chasse à la voiture. Pas un village, pas une ville sans que tout ne soit fait pour compliquer la circulation et empêcher le stationnement. Arrivé dans un village, si l’on avise une boutique (quand il en reste une), impossible de se garer à proximité. La place du village a été « rendue aux piétons » : énormes bacs à fleurs, arbres récemment plantés, bancs sur lesquels on ne voit personne. D’ailleurs, on ne voit personne d’une manière générale. Dans le meilleur des cas, il y a un parking un peu plus loin, bien exposé au soleil car, bien sûr, les trottoirs ont été élargis et ont empiété sur les places de stationnement. Si encore, il y avait du monde qui justifiait cette requalification… Pour circuler, c’est pas mieux. Sens interdits de partout, itinéraires qui commencent mais laissent ensuite le conducteur en transit se débrouiller. Dans les villes en pente, on se dit qu’on va se repérer au cours d’eau et qu’il suffit de descendre. Las, les quais ont été « rendus aux promeneurs ». Donc, on est renvoyé plus haut où l’on ne peut même plus s’arrêter pour continuer à pieds. C’est pas en faisant suer le monde qu’on va sensibiliser les réticents aux questions de pollution et d’environnement. Au contraire puisque toutes ces mesures donnent l’impression qu’on cherche à compliquer la vie des gens, leur piquer leur pognon et que, somme toute, l’impact sur l’environnement est faible. Sans compter que la circulation – et donc la pollution – se concentrent désormais sur quelques grands axes, presque toujours encombrés, où l’on circule mal. Est-ce le résultat recherché ? On peut se demander si les maires ne choisissent pas d’assurer la tranquillité de certains quartiers ou rues et d’en sacrifier d’autres, sachant que les véhicules en transit ne leur apportent pas de voix ni de revenus aux commerçants.

Dans ce domaine, le comble semble être atteint par Marseille. Le vieux maire veut passer pour un défenseur de l’environnement sur ses vieux jours. Voilà qu’il vient de bloquer le bas de la fameuse Canebière. Là encore avec un immense panneau indique qu’on « rend la Canebière aux Marseillais ». L’avaient-ils perdue ? Déjà qu’on circule très mal à Marseille, que la ville est un gigantesque embouteillage dès 16 h 30, faute de boulevard périphérique, faute d’autoroute qui évite la grande cité, faute de transports en commun type RER, voilà qu’on bloque le bas d’une des rares artères où l’on circule presque bien et qu’on empêche l’accès au Vieux-Port. Accès relatif d’ailleurs puisque, dans les années précédentes, avec l’ouverture du Mucem, on a fermé le quai le plus propice à la promenade et où ça circulait plutôt bien. On avait parfois la chance de trouver à se garer et le trottoir était assez large pour les nombreux flâneurs. On avait même élargi les terrasses des cafés à l’occasion du Mondial de 1998. En fait, on aurait dû en rester là. Tout le monde était content. La ville avait changé et était devenue vraiment accueillante et ouverte. Maintenant, on doit se farcir les souterrains et se payer les parkings attenants. Résultat, on n’a qu’une envie, c’est de sortir au plus vite et tant pis si l’on n’a pas profité de Marseille. Le problème, c’est que c’est comme ça un peu partout en France car, comme pour la décentralisation, le personnel politique et les Français en général ne comprennent rien à l’écologie et font tout en dépit du bon sens. La population constate une chose, c’est que la décentralisation et l’écologie, ça coûte cher et ça complique la vie.

 

 

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