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la lanterne de diogène
3 juillet 2012

Au-delà du foot : malaise général !

Laurent Blanc a vécu en tant que sélectionneur des onze internationaux. Souhaitons lui bonne chance. Pas facile d'être sélectionneur depuis la victoire en Coupe du monde en 1998 suivie de la récidive en Coupe d'Europe deux ans plus tard. Le public français avait largement plébiscité cette équipe et s'était persuadé que, désormais, l'équipe de France ne pouvait qu'être championne du monde sinon rien.

 

C'est un peu le complexe de supériorité des Français qui s'est exprimé depuis 14 ans. Déjà, en 2002, avec pratiquement la même sélection, on avait eu un aperçu de cette suffisance quand, au lieu de s'entrainer, de maintenir le niveau, d'écraser les adversaires sous leur supériorité, les joueurs passaient du temps à tourner des publicités et à contrôler les revenus de leurs images individuelle ou collective. On a vu le résultat : élimination dès le premier tour et sans marquer un seul but alors que l'équipe comptait les meilleurs buteurs des championnats européens. Depuis, les têtes sont tombées comme chaque fois que, en France, un club médiatisé enchaine les contre-performances. Il faudrait, une bonne fois pour toutes, admettre qu'on ne peut pas gagner tout le temps et que, même les meilleurs peuvent retomber.

 

Laurent Blanc quitte ses fonctions après seulement deux ans : très insuffisant pour construire une équipe. La France est coutumière de cette vue à très court terme et pas seulement dans le sport spectacle. Il suffit de voir les décisions prises par nos élus à tous les niveaux : aucune vision à long terme, rien que des bricoles pour se faire ré-élire. Avant, il y a eu un précédent avec Jacques Santini, resté deux ans et parti dans les mêmes circonstances : atermoiements de la fédération, élimination en 1/4 de finale de la Coupe d'Europe alors qu'on exigeait le retour avec le trophée. Pourtant bien des sélections signeraient de suite si on leur prédisait un tel avenir. Santini est parti sous les quolibets alors que j'entendais qu'il a obtenu les meilleurs résultats pendant le court temps où il a officié. Domenech l'a remplacé. En tant qu'entraineur des espoirs, il a enregistré des bonnes performances et, surtout, a découvert de nombreux jeunes talents qui ont enchanté la sélection nationale par la suite. L'homme ne vaut pas grand chose. On le savait pour l'avoir vu jouer, pour se rappeler qu'il est à l'origine de nombreux coups francs sifflés contre son équipe (club ou nationale) et pour l'avoir entendu commenter des rencontres internationales. Pourtant, comme entraineur des « bleuets », il n'y avait pas grand chose à redire. C'est tout naturellement qu'il a été appelé et il faut se souvenir que son équipe de France s'était qualifiée pour le Mondial et a terminé en finale en 2006 ; excusez du peu. Paradoxalement, cette finale a marqué le commencement de la fin (si l'on exclut ce qui s'est passé en 2002). D'abord, il s'est trouvé des personnalités, des supporteurs pour justifier le coupe de boule de Zidane. Le grand public, qui n'est pas fanatique de sport, aime regarder les grandes rencontres pour le beau jeu. La vengeance est le contraire du beau jeu et de l'esprit sportif. Pourtant, il y a eu polémique quand il aurait dû y avoir condamnation. Ensuite, le sélectionneur n'a pas arrêté de s'emmêler les pinceaux, de faire des déclarations intempestives, de mêler sa vie privée et celle de joueurs. L'ineffable journaliste généraliste Pascale Clark, ne connaissait l'équipe de France de foot que par les frasques de ses joueurs et les affaires de mœurs qu'elle avait soin de monter en épingle pour bien montrer son mépris pour un sport populaire. Ce ne serait rien si ça n'avait reflété une bonne partie de l'opinion publique.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2012/06/26/24583481.html

 

Pourtant, l'équipe de France conservait un certain prestige auprès de jeunes. Oh, ce n'était pas pour l'honneur du maillot et du pays ! On Sait combien ces notions sont marginalisées en France.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2007/04/13/4619218.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2012/02/19/23559713.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/03/23/20704733.html

 

Simplement, le fait que des joueurs issus de leur milieu social deviennent des vedettes, passent à la télévision et gagnent autant d'argent sans avoir fait le moindre effort à l'école en faisait rêver plus d'un. Seulement, la réussite de petites frappes suit un parcours inévitable : il faut afficher les preuves de sa réussite sociale et en mettre plein la vue. Surtout, il ne faut pas se retourner pour voir d'où l'on vient et où demeurent ceux qu'on a lâché en chemin ou écrasés. C'est cette arrogance de sales gosses, d'enfants gâtés qui a dégoûté une bonne partie du grand public. Déjà qu'on entend toujours qu'il est scandaleux que des mecs gagnent des millions pour taper dans un ballon, si en plus ils vous crachent dessus ou vous insultent, ça ne va plus. Effectivement, ça ne va plus. Le pire, c'est quand un journal qui se veut culturel approuve ce comportement et met en vedette une figure emblématique de ce mépris envers le public qui paie de ses mauvais salaires les millions qu'empochent ceux qu'ils vont voir et qui se fichent de leurs gueules. Allusion aux « Inrockuptibles » de l'été 2010 avec Anelka en couve et une entrevue où il exprime son mépris pour le public et pour son pays.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/07/12/18560551.html

 

Le mépris affiché par les joueurs envers leurs supporteurs les plus fidèles et les plus sincères montre les valeurs auxquelles ils se réfèrent. Alors qu'ils évoluent (si l'on peut dire) dans une équipe, ils ne pensent qu'à eux, aux primes qu'ils empochent dans leurs clubs, aux contrats publicitaires qu'ils vont signer. Ils se fichent et du reste de l'équipe et du pays dont ils portent les couleurs. Ils trouvent toujours qu'on n'en fait pas assez pour eux et ne supportent aucune critique.

 

Ça ne va plus et le faible contingent de supporteurs français présent en Ukraine et en Pologne témoigne de ce malaise. Il faut être juste et ajouter que ces pays sont totalement inconnus de la moyenne qui n'a pas la curiosité d'aller les découvrir. Ça ne va plus parce que les principaux auteurs de l'indiscipline du bus de Knysna se trouvent toujours dans l'équipe de France et ça, le public n'en voulait plus. Passe que des joueurs gagnent des millions, passe qu'ils perdent trop souvent au goût du public mais, si en plus ils profèrent des insultes, se mettent en grève et mettent à l'écart une partie de leurs camarades, c'est trop. Une seule de ces raisons suffit pour qu'ils ne soient plus sélectionnés. Des sanctions sont tombées. Anelka, principal fautif à l'époque a, au moins, le mérite de la cohérence. Les autres n'ont pas vraiment accepté la sanction et un Ribéry, à son retour, a bien expliqué que c'étaient « certains » qui l'avaient mis en cause. Ils n'ont pas accepté ou, plus simplement, n'ont pas compris ; on ne peut pas leur en demander trop, non plus. À mon sens, l'erreur fatale de Laurent Blanc a été de dire (et de penser) : « Je ne m'interdis rien » et de rappeler les fauteurs de trouble qu'on ne voulait plus revoir. Il avait une chance unique de former une équipe nouvelle et de construire un groupe cohérent et plus, peut-être. C'est ce qu'avait fait Aimé Jacquet avec le résultat qu'on sait. Et pourtant, la mise à l'écart d'excellents joueurs comme Ginola, Papin ou Cantona était discutable dans la mesure où les moins aguerris pouvaient s'appuyer sur eux. Il a préféré monter une équipe soudée et, pour tout dire, une bande de copains qui jouent mais sont sérieux quand il faut. Depuis 2006, c'est tout le contraire. De loin, l'équipe de France donne l'impression d'être un ramassis de jeunes qui se tirent dans les pattes plutôt qu'au but. Ribéry fait penser à ses boxeurs d'autrefois, caricaturés par Guy Bedos (M'sieur Ramirez), incapables de seulement parler, voyant partout des gens qui leur en veulent, jaloux de ceux qui réussissent mieux. Ça ne va plus et, si les Français se montrent assez peu cocardiers, il y a malgré tout un indice objectif qui montre l'attachement du public à son équipe nationale : c'est la vente de répliques du maillot officiel ou des imitations. Depuis au moins deux ans, les ventes sont particulièrement faibles. « La honte » de porter même un quelconque maillot bleu avec une vague frise tricolore ou avec écrit quelque part « France ». Justement la popularité d'une équipe, c'est quand des minots transforment un simple tricot de peau en maillot de leur équipe favorite. On en est très loin.

 

Avec ses clubs amateurs et professionnels, son poids démographique, la France ne manque pas de talents. À qui fera-t-on croire qu'on ne peut pas trouver 23 joueurs et les former pour l'élite ? Parmi ceux qui ne sont pas loin de l'élite ou qui s'y trouvent déjà, il y en a pas mal qui aiment jouer et qui sont prêts à faire mieux. Reste à compléter l'effectif. Ce doit être l'occasion de faire jouer des jeunes du championnat national (même s'il n'est pas d'un bon niveau) et de les confronter. Ce qui fait la force d'une équipe, c'est le bon esprit qui y règne. Tout le monde se souvient de Platini tenant la main de Battiston sur sa civière. Justement, la bande à Platini a fait rêver pendant longtemps et le résultat n'est pas arrivé en 1982 ni même en 1984 (championne d'Europe) mais en 1998. Pourtant, les spécialistes reconnaissent que le groupe de 1982 était plus fort. Il était surtout plus cohérent et s'était enrichi au fil des ans. Surtout, il a servi de modèles pendant des années. Les Rocheteau, Battiston, Platini, Amisse, Pécout, Rouyer, Rubio, Shaer s'étaient fait remarquer aux Jeux Méditerranéens de 1975, aux JO de 1976, en équipe espoirs. On sentait qu'il allait se passer quelque chose. À noter que sur 17, 4 appartenaient à l’AS Nancy-Lorraine et 3 au FC Nantes, clubs professionnels modestes. Donc, aujourd'hui, on doit pouvoir en faire autant. Seulement pour cela, il faut faire rêver et il faut montrer qu'on aime jouer, à l'image d'un Bacary Sagna.

 

Je suis le foot de loin mais comme il est omniprésent dans l'actualité, il est difficile d'y échapper. Le recul permet de voir les choses plus sereinement et de souhaiter voir une équipe qui affiche un bon esprit et qui pratique un beau jeu. Surtout, un sport aussi populaire que le football est révélateur. Avant de quitter la France, un correspondant d'un journal anglais à Paris se souvenait que, prenant son poste en 1998, il avait été étonné par ce pays à qui tout réussissait. Il n'a donc pas été surpris de la victoire en Coupe du Monde. Comme par hasard, en 2002, un malaise a commencé à s'installer et, si la France a été éliminée du Mondial, ce n'est pas le plus grave qui s'est passé à ce moment-là. L'équipe de France de foot suit l'évolution de la société. Alors qu'on entend des journalistes employer ouvertement des grossièreté et le revendiquer, comment en vouloir à des jeunes frimeurs, sur lesquels les caméras sont braqués, s'ils manient l'injure plus facilement que le ballon ? Alors que partout on ne jure que par la dérégulation, comment inculquer des règles de conduite à des jeunes qui gagnent plus que vous ?

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2012/03/06/23688489.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2012/06/29/24603823.html

 

Dans une société où l'on ne jure que par l'argent, où l'on protège ceux qui en ont, où l'on accable ceux qui n'en ont pas, comment ne pas s'étonner du mépris de celui qui peut s'acheter une voiture de luxe avec un mois de salaire envers celui qui lui conseille de modifier un peu son comportement ? On n'arrive même pas à les obliger à ne pas porter d'écouteurs pour n'avoir pas à répondre à leurs supporteurs les plus méritants. Ce n'est surement pas en deux ans qu'on peut infléchir la tendance et, tout comme d'autres nouveaux hauts responsables, le nouveau sélectionneur devra déblayer le terrain, reprendre les fondamentaux, essuyer quelques revers avant d'obtenir des résultats significatifs.

 

En attendant, le public se désole déjà de la crise qui apparaît à la tête de la FFF. Son président, élu à la faveur d'une crise, aime afficher son bilan avec sa petite équipe bretonne. En y regardant de plus près, on remarque des coïncidences liées à ce succès incroyable sans parler de l'affaire OM-VA. Comme souvent au cours de sa carrière, il sera servi par des circonstances favorables comme l'été et surtout la préoccupation des citoyens sur ce qui les attend à la rentrée entre nouveaux impôts et stagnation des revenus.Y a pas que le foot dans la vie !

 

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