RFI : une première victoire

Cela fait des années que les salariés et autres intervenants de Radio-France Internationale sont en lutte et donc, en conflit avec leurs supérieurs. Peu conscients de l'impact d'une radio en français, écoutée dans le monde entier, peu conscients du prestige encore attaché à la France et à sa culture, les gouvernements de droite n'ont cessé de vouloir diminuer les crédits pour ce qu'un ancien Président de la République aurait appelé « la voix de la France ». D'un côté, les libéralistes ne considèrent que ce qui coûte et ne rapporte rien à court terme, de l'autre, il est de leur intérêt de sous-estimer le prestige de leur pays pour, au contraire, dénoncer son déclin. Or, sur tous les continents, l'image de la France demeure intacte et l'on envie ce pays où il fait bon vivre et qui a montré la voix à de nombreux mouvements revendicatifs au cours des derniers siècles ; même si la réalité est quelque peu différente depuis une dizaine d'années.

Justement, c'est cette image de la France que les libéralistes veulent effacer. RFI devait en faire les frais.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/11/05/19521460.html

Radio-France Internationale et Monte-Carlo Doualiya (anciennement RMC Moyen-Orient) apportent aux population lointaines, parfois isolées géographiquement, une information de bonne qualité et en français. Diminuer la diffusion de RFI revient à laisser le champ libre aux services en français de la BBC et de la Voix de l'Amérique avec ce que cela suppose de propagande idéologique qui ne dit pas toujours son nom.

Alors que le train de mesures de restriction était déjà bien lancé, l'élection de M. Sarkozy à la Présidence de la République a accéléré le mouvement et attisé les tensions. La nomination de M. Alain de Pouzilhac a inauguré une ère de conflit permanent dans la mesure où il devait conduire la fusion des rédactions de France 24, chaine de télévision qui a du mal à trouver son public, et de RFI. S'est surajoutée la catastrophique nomination de la propre compagne du ministre de tutelle, la journaliste belge Christine Ockrent qui partage la vie de M. Bernard Kouchner, alors Ministre des Affaires étrangères. Ça s'est passé en France, il y a moins de cinq ans. La mésentente à la tête de RFI n'a fait qu'envenimer les choses. Pourtant le plus grave reste le licenciement d'une soixantaine de travailleurs de RFI au cours de cette période.

Après avoir soutenu la lutte des personnels de RFI, M. François Hollande, élu, tient ses promesses et c'est plutôt bon signe pour le reste. D'abord, le déménagement de RFI dans un nouveau siège partagé avec France 24 a été suspendu. Ensuite, M. de Pouzilhac a été contraint à la démission. Cette nouvelle est accueillie avec soulagement par les salariés.

http://rfiriposte.wordpress.com/2012/07/12/alain-de-pouzilhac-a-demissionne/

Rappelons que nous n'avons cessé d'attirer l'attention sur ce conflit malgré l'audience quasi inexistante de RFI sur le territoire français et malgré les leurres qu'ont été les faux conflits qui ont suivi la nomination de M. Philippe Val à la direction de France-Inter. Qu'on se souvienne que les bien-pensants focalisaient leur colère pour soutenir deux chroniqueurs quand une dizaine de producteurs étaient écartés et que plus de soixante salariés étaient licenciés de RFI ; entité distincte de Radio-France.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/12/08/22918230.html

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2009/01/26/12237480.html

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/02/15/20397687.html

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2009/06/17/14117357.html

Nous appelons à maintenir le soutien au personnel de Radio-France Internationale et nous serons vigilants sur la suite lorsque nous saurons qui dirigera l'audiovisuel extérieur français (AEF) ainsi que RFI et quelles mission ils auront. En attendant, remarquons simplement que la démission de M. de Pouzilhac n'a été possible que parce que le gouvernement actuel est favorable aux revendications des salariés de RFI. Il en aurait été tout autrement avec la réélection de M. Sarkozy. Une fois achevé à la fin du mois de juin, le déménagement aurait entériné la fusion des rédactions et, à terme, la disparition de RFI. Cette victoire des travailleurs en lutte de RFI ne doit rien au hasard mais à la ténacité du personnel et à une volonté politique au plus haut niveau. À l'heure de dresser un bilan, il faudra s'en souvenir.