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la lanterne de diogène
29 décembre 2013

Des monstres rattrapés par la capuche

Une histoire glauque pour finir l'année et qui vient ternir l’allégresse forcée de la trêve des confiseurs. Le footballeur millionnaire Anelka vient de faire un geste pour fêter son premier but de l'année. Au fait, il était temps, à quelques jours près, il n'aurait marqué aucun but pour l'année malgré son salaire de vedette. Ce geste, il l'a dédié à son ami Dieudonné M'Bala. On apprend, ainsi, que l'ancien humoriste a inventé un geste de ralliement à sa cause. Sa cause, quelle est-elle ? En fait, tout est parti du constat qu'on parlait beaucoup – trop selon lui – du génocide des juifs au cours de la deuxième guerre mondiale tandis qu'on parle peu de la traite négrière qui a voué une race à l'esclavage du seul fait de sa couleur de peau. Ce n'est pas La lanterne de Diogène qui s'opposera à ce qu'on reconnaisse les torts infligés aux Africains. Disons seulement qu'il faut éviter d'opposer les victimes. L'un et l'autre cas constituent des traumatismes universels. Il serait tout aussi vain de les mettre à égalité que d'établir une hiérarchie. À ce niveau, les souffrances dépassent l'entendement.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2008/05/11/9132805.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2006/07/17/2307359.html

 

Dieudonné (pour reprendre son nom de scène) est passé rapidement de l'appel à la reconnaissance du mal causé aux Noirs (notamment avec une très belle chanson) à la minimisation puis à la négation du génocide juif, enfin à la rancune envers les juifs. Il a réuni dans un premier temps tous ceux qui étaient favorables à sa cause puis à tous ceux qui sont agacés par les juifs en général. En clair, il a fédéré tous les antisémites, les anciens, indécrottables et les nouveaux qui pensent que les ennemis de leurs amis sont forcément leurs ennemis et qu'il convient de se liguer contre eux.

 

Or, le temps a fait que l'antisémitisme n'est plus la préoccupation des gens qui ont bien d'autres soucis. Ça n'est plus le fait que de générations nourries à ce lait aigre et quelques autres car il y aura toujours des personnes pour soutenir l'insoutenable. Il faut faire avec. L'antisémitisme n'est pas près de disparaître puisqu'il revêt des formes plus subtiles et sait se parer d'atours vertueux. L'antisémitisme de Dieudonné, lui, se raccroche à sa forme primaire. C'est une obsession qu'on entretient et qui s'exprime par des propos aussi stupides qu'insoutenables. C'était sur le point de demeurer sous une forme résiduelle. Malheureusement, il s'en trouve pour freiner cette tendance inéluctable, pour retarder le moment où ce ne sera plus le fait que de quelques détraqués. Visiblement, Dieudonné s'est donné pour tâche, désormais, d'empêcher la disparition de l'antisémitisme primaire comme on rattrape quelqu'un qui s'en va par la capuche. Pour cela, il entend le rendre amusant. D'abord, en tant qu'ancien humoriste, il sait faire rire avec tout. C'est bien. Le problème, c'est que son public, sans forcément de mauvaises intentions, considère que l'antisémitisme est un sujet d'amusement. Cette frange n'est pas politisée et ne sait pas vraiment ce qu'est l'antisémitisme. Peu instruite, elle ignore l'Histoire. On se moque des juifs comme on se moque des chanteuses qui ont de la voix ou des blondes. On se moque des juifs comme on se moquait des Belges. À l'époque de la dictature du rire, il serait malséant de jouer les rabats-joie. Rions donc avec Dieudonné ! Comme si ça ne suffisait pas, Dieudonné a encore eu l'idée d'un geste de ralliement. Il faut imaginer ce qui a pu se passer dans sa tête :

- Quel geste vais-je pouvoir trouver ?

- Celui-ci ? Non, on risquerait de le confondre avec un autre.

-  Celui-là ? Non plus, pas assez visible.

Il a dû faire des mimiques devant sa glace. Et puis, finalement, en regardant des images fournies par des amis antisémites, il a opté pour un bras tendu mais la main vers le bas. C'est un peu comme les emblèmes des partis néo-nazis. Aucun n'arbore une croix gammée mais tous ont trouvé une figure anguleuse noire dans un disque blanc sur fond rouge. Comme ça, on ne tombe pas sous le coup de la loi mais tout le monde comprend. Donc, bras tendu vers le bas. Oui mais, a-t-il dû encore penser, comment le remarquer alors ? Le bras tombe naturellement vers le bas et la raideur peut être due à tout autre chose. Un petit coup de la main opposée sur l'épaule et le tour est joué. On ajoute un petit sourire pour montrer que c'est bien sympa d'être antisémite et de se reconnaître entre soi. Reste à trouver un nom afin que, même sans l'image, tout le monde sache de quoi il s'agit.

Les jeunes, particulièrement les moins instruits, sont toujours prompts à suivre une mode. Ils ont aimé le « happy slapping » consistant, non plus comme à l'origine, à filmer un quidam en train de se faire gifler mais carrément à le tabasser pour faire rire : désopilant, n'est-ce pas ? Ils adorent ce geste, non violent, mais encore plus amusant car l'astuce consiste à le décliner au moment le moins opportun. C'est follement drôle !

 

Nous avons vu le cheminement de Dieudonné ; mais les autres ? On va trouver ceux qui partageaient sa cause, au début et qui sont restés malgré la suite. À ceux-ci s'ajoutent ceux qui veulent seulement s'amuser sur le dos des juifs, sans penser à mal . C'est vrai : y a pas de mal à se moquer des juifs ! Et puis, à côté des nouveaux antisémites, on trouvera tous ceux qui ont besoin des monstres. Il se trouve encore aujourd'hui des gens qui prétendent que la bête du Gévaudan n'est pas morte et qu'elle va surgir pour dévorer ceux qu'on n'aime pas. Il s'en trouve encore pour penser qu'un certain dictateur n'est pas mort dans son nid d'aigle, ou qu'il a été congelé et qu'une poignée de fidèles prépare son retour. L'antisémitisme est plus abstrait mais il s'en trouve toujours pour rallumer les braises. Bien sûr, tout le monde voit surtout un fort contingent d'extrême-droite autour de lui. Nous avons récemment attiré l'attention sur tous ces frustrés qui rejoignent cette mouvance.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2013/09/18/28041094.html

 

On ne sera donc pas étonné d'en trouver autour de l'ancien humoriste recyclé dans l'antisémitisme. On ne sera pas plus étonné d'y voir Anelka qui marque son premier but de l'année à cinq jours de son terme. Anelka est un joueur au talent incontestable mais incapable de jouer dans une équipe. Or, le football est un sport d'équipe. La liste est longue des clubs souvent prestigieux où il a été salarié. Pourtant, il n'entrera jamais dans la légende du football. Il faut, pour cela, avoir son nom attaché à un ou deux grand clubs et à la sélection nationale. Ce n'est pas son cas. C'est donc sans surprise qu'on le trouve au milieu de tous ceux qui se voyaient haut, voire qui ont approché les sommets mais sans jamais les atteindre. Il ne leur reste qu'à se faire remarquer autrement. Anelka a trouvé là un nouveau terrain de provocation, seul domaine où il excelle vraiment. Dieudonné, lui, se rêve en Desproges mais n'est qu'un comique troupier mâtiné d'antisémitisme. Depuis, il a glissé de l'humour même détestable vers cette idéologie, tout en prétendant demeurer dans la drôlerie. Il met les rieurs du côté de l'antisémitisme. Apparemment, sous couvert de spectacles, il bourre le crâne de son public venu pour s'amuser. Pas bête ! Ceux qui ne sont pas avec lui sont des peine-à-jouir, des « intellos », des gens pas drôles et pour tout dire emmerdants.

quenelle

 Désolé, je ne mange pas de ce plat-là. Il est moisi et bon pour la vermine.

 

http://socio13.wordpress.com/2013/12/29/sur-laffaire-des-quenelles-par-marc-harpon/#comment-20507

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