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la lanterne de diogène
18 juillet 2013

Mandela day

Je me souviens d'un « Mandela day », il y a longtemps, en 1988. Ce jour-là, il y avait deux manifestations importantes pour nous, les jeunes français. Pendant que se déroulait la fête d'Sos-Racisme sur l'esplanade du château de Vincennes, dans le mythique stade de Wembley (aujourd'hui démoli et remplacé), des artistes de renommée internationale fêtaient l'anniversaire de celui qui croupissait dans une geôle sud-africaine. Pas facile de choisir.

 

Une chose est certaine, le succès planétaire du concert de Wembley a fait avancer les choses. C'est drôle, parce que, à cette époque, il y avait des situations politiques au moins aussi condamnables que l'apartheid sud-africain mais ce régime consistant à séparer les races sur un même lieu, par son absurdité, sans doute, focalisait contre lui ce qu'on n'appelait pas encore l'indignation mondiale. En Afrique, beaucoup trouvaient qu'on en faisait trop autour de Mandela et que la situation dans tant d'autres pays du continent noir était, au moins, aussi mauvaise. En Afrique, on souffrait que les Blancs s'intéressent à l'Afrique du Sud et pas aux autres pays.

 

Il faisait chaud devant les murs et la tour médiévale de Vincennes ; là où – des siècles auparavant – le roi saint Louis rendait la justice assis sous un chêne. Il faisait chaud et l'on aspergeait la foule agglutinée. L'animateur annonce l'arrivée imprévue d'une vedette. Bruce Springsteen, « the Boss » lui-même, s'est produit sous nos yeux pour la bonne cause. Plus tard, dans la soirée, nous recevions des bouteilles sur la tête. Des skin-heads avaient envie de s'amuser un peu. Un rien les amuse. Le lendemain, le journal de TF 1, qui parrainait l'événement, insiste sur le fait qu'il n'y avait pas eu d'incident. Ces jets de projectiles m'avaient incité à rentrer plus tôt écouter la fin du concert de Wembley à la radio. Je suis arrivé juste au moment où Dire Strait était sur scène, avec Eric Clapton, à un moment. Il y avait aussi, UB 40, Eurythmics, Richard Gere et tant d'autres et, surtout, Simple Mind, principal promoteur du concert. La chanson Mandela Day devenait entêtante.

http://www.youtube.com/watch?v=C8py3MaTT4Q

 

Mandela terroriste pour la Thatcher qu'on vient de pleurer à chaudes larmes. Mandela terroriste pour l'extrême-droite d'ici, qui faisait parfois le voyage jusque là-bas afin de prendre des leçons d'une société qui pratiquait la hiérarchie des races.

Mandela, un symbole pour nous tous qui ne supportions ni la ségrégation, ni le délit d'opinion. Le combat contre l'apartheid occupait une grande partie de notre conscience politique. Le sujet revenait. Ça a duré des années. Trop d'années.

 

Au lycée, Jean-Marie Floch nous exhortait à aller voir « La dernière tombe à Dimbaza ». Le film passait dans les petites salles du Quartier latin de Paris.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/11/23/22778092.html

 

http://www.dissidenz.com/film-32333-Derniere_tombe_a_Dimbaza-accueil

 

Je sais que ça fait « vieux con » de raconter ça mais nous, les lycéens, nous allions voir des films étaient sérieux, voire graves, pas marrants et dont on ne parlait pas à la télévision. On payait, même, pour les voir. Une quinzaine d'année après, un reportage, un de plus sur l'Afrique du Sud, montrait les extrémistes des deux bords. Ce qui m'avait frappé, c'était que les deux camps, on se retrouvait pour s'attiser mais aussi pour chanter. Et ils chantaient bien, les bougres !

En commentant le reportage (que tout le monde avait vu), je disais qu'ils arriveraient, un jour, à s'entendre parce qu'ils chantent tous les deux. On me riait au nez. Les uns ajoutaient que j'étais irréaliste, les autres que j'étais idéaliste, d'autres, enfin, refusaient l'idée et prônaient l'affrontement armé. Facile qu'on on n'aura pas, soi-même, à prendre les armes et à risquer d'en avoir pointées sur soi. Les faits m'ont donné raison. Seulement, il aura fallu la volonté de deux hommes d'exception : Nelson Mandela et Frederik de Clerk.

 

Mandela et De Klerk

Rien n'aurait été possible sans l'un et l'autre. Rien n'aurait été possible si de Clerk n'avait imposé à son clan, les Afrikaaners (les Boers), de s'entendre avec les Noirs majoritaires. Rien n'aurait été possible sans l'intelligence et la générosité de Mandela qui, malgré la souffrance qu'il a subie, a imposé à son peuple, de se réconcilier avec son oppresseur, sans esprit de vengeance. Ça ne va pas de soi. Aujourd'hui encore, dans les deux camps, se trouvent des individus qui rêvent soit de revanche, soit de retrouver leur suprématie. Ceux-là font payer cher, à ceux qui sont à leur portée, leur appartenance à l'autre race. La crise économique ne peut que raviver les tensions. N'empêche, le plus gros a été fait et l'on n'empêchera, nulle part, les imbéciles criminels d'accomplir leurs méfaits et d'entrainer avec eux les frustrés. N'empêche, l'Afrique du Sud apparaît à beaucoup comme un exemple à suivre. La réconciliation a permis à ce pays qui possède tant d'atouts, de rejoindre le groupe envié des pays émergents, les fameux BRICS ; le S final étant l'Afrique du Sud. Il donne à l'Afrique toute entière des raisons d'être fière.

 

Mandela fête son 95ième anniversaire dont 27 (plus d'un quart de siècle) en prison. Il vit ses derniers jours et le monde entier l'accompagne de ses pensées et, pour certains, de ses prières. Peu de personnalités sont entrées dans l'Histoire de leur vivant. Mandela en fait partie.

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/01/20/16595472.html

 

Gloire à Mandela !

Gloire à celui qui a réconcilié deux peuples !

Gloire à celui qui nous a rendu meilleurs !

 

Merci Madiba

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