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la lanterne de diogène
4 novembre 2016

Inter : saison 2016 / 2017

Pas de bouleversement cette année. On dirait que la maison ronde est maintenant apaisée. Personne ne s’intéresse plus à ce qui s’y passe. On n’attend plus la direction au tournant et la direction n’a pas eu à gérer une grève de longue durée.

La publicité

Je voudrais en profiter pour poursuivre la réflexion et les interrogations sur la publicité.

Saison 2015/16 sur Inter (1) : sports et publicité

Donc, la publicité de marque a investi l’antenne d’Inter qui gagnait et conservait ses auditeurs largement pour ses programmes sans interruption. Bien sûr, pour les auditeurs qui ne changent jamais de chaîne, c’était encore trop. D’autant plus que, forcément, les pages de publicité se concentrent dans les tranches horaires les plus écoutées. Et puis, comme aujourd’hui, avant même de parler de contenu, on parle de sous – et que ce soit en matière de mass media ou de n’importe quel domaine à commencer par la politique – on a demandé à ouvrir la publicité aux marques, au lieu de réserver l’antenne aux campagnes collectives, aux banques, mutuelles et assurances, ainsi que les messages de services publics. Soit mais on ne comprend pas bien en quoi l’ouverture aux marques commerciales rapporte davantage si le temps de publicité n’augmente pas. Or, on nous a promis – façon de couper la poire en deux et de mécontenter tout le monde – que les créneaux publicitaires n’augmenteraient pas. Dans ces conditions, on a envie de demander : à quoi bon ? La première suggestion qui vient à l’esprit, c’est qu’on ouvre une brèche. En admettant les marques, on prépare l’auditeur au moment où le PDG du moment exigera plus de revenus publicitaires pour tenir compte d’une baisse de la contribution de l’État (la redevance) qui ne manquera pas d’arriver. Nous avons vu en passant que ce qui tient lieu de politique à présent est le slogan : il faut faire des économies. On habitue l’auditeur aux marques et, force est de constater que les auditeurs n’ont pas manifesté leur mécontentement. Comme quoi, la résignation est généralisée.

Pourtant, la publicité de marque évolue, comme pour tenir compte de la personnalité des auditeurs d’Inter, publiphobes par définition. Il s’agit de ne pas les détourner non plus. Sur Inter, ceux qui interviennent à l’antenne comme ceux qui les écoutent veulent bien des pubs – puisqu’il le faut – mais pas n’importe quoi. On veut des pubs qui ne soient pas originales, qui soient quasiment anodines, qui déclinent le produit et, tout au plus, vantent ses qualités. En revanche, on abhorre les musiques tonitruantes et entêtantes et, surtout, on ne supporte pas les mises en scènes, les petites histoires qui visent à placer le produit dans un contexte ; surtout s’il y a une intention humoristique. On voit bien ce qu’il en est avec les petits sketches de Chevalier et Laspalès qui insupportent les auditeurs et ceux qui tiennent l’antenne, au point que le duo est interdit d’antenne de fait, depuis qu’ils se compromettent dans la pub. Par conséquent, les marques elles-mêmes, font des efforts pour proposer des messages presque sobres afin de ne pas produire l’effet inverse à celui recherché. Ainsi, un certain nombre de marques choisissent carrément de ne rien proposer sur Inter ; pour le moment. Rappelons aussi ce moyen de détourner la règle en diffusant 3 ou 4 fois les cours de la bourse, qui n’intéressent personne, qui sont disponibles en temps réel avec des applications sur smartphones ou sur l’Internet classique mais qui permettent de faire payer la citation de la marque qui les accompagne.

 

Les programmes

Pour les programmes, pas de chamboulement, tout au plus des changements d’horaires mais les grandes lignes sont maintenues. Puisqu’il le faut, un mot sur le départ de Mme Kathleen Evin dont on pensait qu’elle était inamovible de sa tranche horaire qu’elle monopolisait sans contestation depuis 16 ans. On ne peut pas dire que ça change beaucoup puisque Mme Laure Adler fait à peu près la même chose et de façon aussi soporifique. En fait, on la retrouve quand même le soir puisque, deux mois après l’instauration de la nouvelle grille, on diffuse presque chaque soir une annonce pour signaler son nouvel horaire et les samedis et dimanches, ce sont plusieurs annonces. Difficile de passer à côté. En revanche, rien pour le déplacement de l’émission de Mme Zoé Varier qui ne passe plus le vendredi soir mais le lendemain. Est-ce l’étape avant la suppression ? C’est souvent comme ça que ça se passe, surtout si l’on ne fait rien pour promouvoir. Observons que depuis des années, depuis la fin du « Pont des artistes », aucune émission ne s’est installée le samedi à 20h. D’une manière générale, les programmes des samedi et dimanche donnent l’impression d’une construction hétéroclite avec pour ainsi dire que des émissions d’une heure qui se succèdent et qui pourraient être diffusée n’importe quand.

Ali Rebeihi

Sur le fond, M. Ali Rébeihi se colle à la tranche interactive de 10 h à 11 h. Déjà, les années précédentes, on avait vu l’universitaire Guillaume Erner s’essayer à l’échange avec les auditeurs sur des sujets de société sans rapport avec ses champs d’intervention habituels. Il faut croire que G. Erner, se plaît au micro puisqu’il officie désormais sur France-Culture (« une radio du groupe Radio France » !). Cette fois, c’est au tour de M. Rébeihi, plutôt connu pour son immense culture, d’animer l’émission interactive. http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2015/08/19/32507270.html

Apparemment, il se débrouille plutôt bien dans ce contre-emploi.

zoé varier

Mme Zoé Varier, déjà citée, continue à nous faire découvrir des étrangers installés en France depuis longtemps. Encore une fois, ce concept a tout pour multiplier les écueils. On s’attendrait à un catalogue de bonnes intentions, de mièvreries sur le thème : oh comme vous avez souffert, comme vous avez été mal accueillis, comme vous avez raison de garder autant de rancune ! Rien de tout cela. Zoé Varier possède ce rare talent de mettre en valeur ses invités, pourtant modestes pour la plupart d’entre eux. Ils évoquent leurs difficultés mais, rapidement, prennent du recul pour exposer leurs histoires avec humour et on ne les écoute que mieux. Il est impossible de détacher l’un d’entre eux pour affirmer que son histoire est plus intéressante ou plus puissante ou plus émouvante. Enfin, dernier écueil évité, aucun d’entre eux ne s’exprime avec un accent qui les rendrait victimes et, finalement, ridicules. Bref, tous les lieux communs sont évités et, c’est déjà une performance en soi.

 

Concernant les chroniqueurs, les sacro-saints chroniqueurs, les indéboulonnables chroniqueurs, les indispensables chroniqueurs ; ils sont maintenant installés, à l’instar de leurs confrères des autres radios généralistes. Les chroniqueurs et humoristes des autres radios officient depuis des années. L’auditoire des « généralistes » est plutôt d’age mur. À ces ages, on n’aime pas changer ses habitudes et, au contraire, on aime retrouver ceux qu’on connaît depuis longtemps et qu’on a souvent vus débuter.

Une mention pour l’émission hebdomadaire de M. Didier Varrod, le vendredi à 21 h. D’abord, on est accueilli par un indicatif sympa et rafraîchissant. Il s’agit d’une variation de la chanson « Dans la radio », d’un certain Jacques. Au départ, je croyais même que c’était Didier Varrod lui-même qui fredonnait. Et puis, ensuite, défilent les artistes. Pas de grande plage où le chanteur raconte sa vie, les conditions de création, d’enregistrement, à la manière prétentieuse des chanteurs français. Genre : « On a beaucoup bossé sur ce nouvel album », « Je suis parti l’enregistrer à New York dans les célèbres studios machin avec le grand arrangeur Steve McCoy qui venait juste de terminer un travail avec Bruce Springsteen ». Ou d’autres qui vous balançaient leurs commentaires sur des événements récents pendant des dizaines de minutes car les autres sur le plateau renchérissent et l’animateur/animatrice s’extasie devant de telles réflexions dans une émission de variétés. Ou encore, comme la saison dernière, un André Manoukian qui ne manque jamais une occasion d’étaler son érudition (réelle) , ni de l’enrichir en donnant la parole à des intellectuels. Pas mal, mais c’est pas ce qu’on attend d’une des rares émissions de divertissement d’Inter. Avec M. Didier Varrod, cette année, on renoue avec les meilleures émissions de variété du passé où il y avait pléthore de grands artistes qui avaient le temps de partager leurs nouveautés. On n’a qu’un regret : que l’émission passe si vite. Quitte à décaler celle de Mme Zoé Varier, autant commencer plus tôt, à 20 h, pour donner encore plus de temps pour les prestations en public et offrir plus de chansons. J’ai envie de dire : ça c’est de la radio et ça change de l’animateur qui jacte pendant une heure avec « son invité » !

 

L’évolution de la radio

Une nouveauté passée inaperçue dans les programmes : il n’y a plus d’émission pendant la nuit. De minuit à 5 heures du matin, se succèdent les rediffusions. D’un côté, on peut se dire que c’est pas plus mal et que ça permet à ceux qui écoutent la nuit de profiter des émissions qu’ils loupent dans la journée. D’un autre côté, on ne peut s’empêcher de penser que c’est « pour faire des économies ». Faire des économies est devenu le moteur principal de toute activité en France. On ne fait plus rien. On ne crée plus. On fait des économies ! Quand on pense que, à l’origine, voici un peu plus d’un demi-siècle, France-Inter s’est imposé précisément en diffusant 24h sur 24. C’était même son premier slogan. Autres temps…

Le demi siècle de France - Inter

Le demi siècle de France - Inter (2)

Ainsi que je l’annonçais voici 6 ans, il est fini le temps où l’on allumait son transistor pour écouter la radio. D’abord, on devrait parler de radios au pluriel. À part les stations spécialisées comme France-Culture ou France-Musique, quasiment toutes les autres étaient généralistes et visaient l’audience la plus large possible avec les moyens du bord. Ça allait des petits moyens de Radio des Vallées d’Andorre (Sud-Radio) à la puissance commerciale de RTL en passant par l’avance technique, financée par la redevance, des radios de l’ORTF. Avec la fin du monopole, chacun a essayé de viser un public particulier, estimant qu’il ne se reconnaissait pas dans les radios commerciales (appelées alors « périphériques ») ni la radio de l’État. À cette évolution qui a parcellisé le public s’est ajoutée, celle induite par les nouvelles technologies et d’abord celles qui ont révolutionné la communication. Ce n’est pas seulement la téléphonie qui a été affectée mais notre rapport à l’autre et la possibilité d’emporter dans un petit appareil de poche l’équivalent de l’informatique embarquée dans les missions lunaires Apollo et de s’en servir pour, à peu près, tous les aspects de sa vie. Des études récentes ont montré que 10 % écoutent Inter sur 1 smartphone. Bien sûr, ce ne sont pas les mêmes qui écoutent Kathleen Evin ni même les variétés de Didier Varrod et qui représentent les 90 % restant. Or, le PDG de Radio France a été choisi, précisément, pour relever le défi de l’évolution de la radio.

Nouvelles pratiques d'écoute de la radio

Gallet dans le jardin du Val

 

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