Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la lanterne de diogène
15 novembre 2018

femmes, laïcité et principaux combats

Une internaute vient de m’envoyer un mot à propos d’un article précédent consacré à la laïcité.

Je le reproduis après celui-ci qui me permet de faire le point sur la situation actuelle. Des problèmes d’informatique ne me permettent pas de citer les liens qui appuient mes argumentations, ainsi que je le fais habituellement. L’opération devient fastidieuse au possible et prend un temps considérable. De toute façon, seule compte la conclusion. Ceux qui sont d’accord font confiance dans les arguments mis en avant. Les autres, même si on leur propose les meilleures démonstrations persisteront. Ces ennuis – « mineurs » comme dirait Gainsbourg – ne m’ont pas permis de publier quelques articles dont un consacré aux élections de mi-mandat aux États-Unis. Sans importance car l’hebdomadaire Marianne y a consacré un petit dossier qui reprend l’essentiel de ce que je voulais dire à l’exception notoire de l’importance que les médias audiovisuels y ont consacré. Habituellement, ils en parlent mais, cette fois, ils ont déployé les même moyens que pour les présidentielles, comme s’ils espéraient puérilement que Trump allait démissionner.

L’article en question traite de la laïcité et cite le site des «Femmes solidaires ».
Une fête de la laïcité ?

 

En le relisant, je m’aperçois qu’il dépasse le cadre de la laïcité et des droits des femmes et qu’il reprend un peu toutes les valeurs que nous défendons ici. On y retrouve la solidarité entre les humains, indépendamment de leur origine ou de leur sexe, l’enseignement d’une Histoire chronologique des faits et non des commentaires imposés sur des événements sélectionnés, la défense des sans-abris.

Le féminisme occupe une place de choix dans ce blog. Le tag « femmes » reprend les articles entièrement consacrés à ce thème que le reste du blog défend à travers tous les sujets abordés. Je ne vois pas comment plus de la moitié de l’humanité pourrait être ignorée, mise à part ou, pire infériorisée alors qu’elle est présente, forcément, dans tous les espaces. Si les femmes ne sont pas toujours mentionnées, elles n’en sont pas pour autant ignorées.

 

Cet aparté me permet également de citer un propos que Michèle Dessenne a tient chaque fois qu’elle en a l’occasion. Elle ne manque jamais de rappeler qu’à partir du moment où l’on accepte que les femmes soient moins rémunérées que les hommes pour un même travail, on accepte toutes les autres injustices.

Or, cette injustice originelle est parfaitement tolérée dans toutes les sociétés, y compris les plus démocratiques, c’est à dire qui n’établissent pas, théoriquement, d’autre discrimination que celle fondée sur les qualités individuelles. Malgré tout, on se satisfait parfaitement de cet état de fait. Pourtant, l’égalité salariale donnerait un sacré coup de pouce au pouvoir d’achat et profiterait à l’économie tout entière. Il faut croire qu’il y a autre chose. Cela voudrait-il dire que la société essentiellement masculine, patriarcale comme on dit aujourd’hui, entend maintenir la moitié féminine de l’humanité en infériorité ? Cela voudrait-il dire qu’il existe un consensus inavoué pour le maintien de la supériorité masculine ? Cela voudrait-il dire que, finalement, les hommes (ou du moins ceux qui détiennent le pouvoir de décision) ont peur des femmes et d’une société nuancée par leurs préoccupations plutôt centrées sur la promotion de la vie ? Poser les questions revient à y répondre.

Sans doute vais-je m’attirer les foudres de celles que je prétends défendre, ainsi qu’exprimé à l’instant mais je dois constater que nombre de femmes s’accommodent de cette situation. Attention, la plupart essaient de faire contre mauvaise fortune bon cœur et n’ont pas le loisir de passer leur temps à revendiquer. N’empêche, quand elles en ont l’occasion, elles savent monter au créneau et rappellent à leur entourage qu’elles subissent, sans rien dire, des situations qui ne les satisfont pas. Après ces précautions, j’en viens à mon propos. Beaucoup de jeunes femmes sont tellement contentes de gagner leur vie, d’avoir leur propre argent, qu’elles acceptent des rémunérations inférieures dans la mesure où ça leur donne, quand même, l’indépendance. Combien ai-je vu de mes camarades étudiantes, abandonner leur études après avoir décroché un simple boulot d’été, voire un boulot d’étudiant alors qu’elles auraient pu prétendre poursuivre de brillantes études. Pourquoi faire ? L’essentiel était fait : gagner de l’argent puis espérer la promotion interne pour améliorer son salaire avec les années et les besoins qu’elles savent aller en augmentant dans la perspective d’une maternité. Il existe aussi des femmes qui trouvent bien que les hommes gagnent plus dans la mesure où ils sont censés apporter la protection au foyer ; le salaire féminin n’étant qu’un appoint. Bien sûr, c’est rarement exprimé aussi directement mais ça va dans le sens de ce consensus masculin inavoué dont je parlais et qui vise à maintenir les femmes en situation dominée.

Ensuite, il existe aussi des femmes, généralement parce qu’elles n’ont pas connu de graves problèmes matériels ou familiaux dans leur enfance ou leur jeunesse, qui foncent chaque fois qu’un combat sur les apparences est mené. Il est vrai que ce que les hommes considèrent comme des « apparences » fait, au contraire, l’objet de soins de la part de la gent féminine. Le curseur n’est pas placé au même endroit selon que l’on est femme ou homme. Le résultat c’est que pendant que des femmes dépensent de l’énergie à défendre des aspects secondaires, l’essentiel des inégalités demeure et que ces pseudos combats ne sont même pas un début de revendication pour l’essentiel qui est l’égalité des rémunérations, seul moyen d’une véritable indépendance et de la fin (ou du moins la fragilisation) de la supériorité masculine ou patriarcale. Ainsi, cette merveilleuse invention qu’est l’écriture dite inclusive plaît beaucoup dans certains milieux où les femmes connaissent moins l’inégalité des salaires. Par conséquent, elles peuvent s’y consacrer pleinement quand la plupart des autres aimeraient ne pas aller au boulot la boule au ventre en pensant aux sales plaisanteries, remarques qu’elles vont encore entendre toute la journée, tout ça pour un salaire de merde à la fin du mois. La société, masculine, patriarcale, sait parfaitement inventer des dérivatifs à la contestation. Les femmes ne manquent pas de se moquer des hommes qui suivent les matches de foot pendant lesquels ils sont aux abonnés absents pour tout mais, elles-mêmes ne reconnaissent plus personne devant les artifices que sont la mode ou « l’écriture inclusive ». Les hommes savent parfaitement encourager chez les femmes, ce que d'aucun appellent la féminité pour éviter d'avoir à affronter le féminisme. Et pendant que des femmes, celles les plus en vue, se consacrent à ces diversions, les vrais combats, ceux contre les inégalités fondées sur le genre, ne sont pas menés et, pire, nombre de conquêtes féminines sont maintenant remises en cause.

 

csm_Journee-droits-femmes-1170x585px_aa03cf4911

Donc, voici le commentaire de l’article

Bonjour , 
J’ai pu voir que vous mentionniez femmes-solidaires.org sur votre page suivante : lanternediogene.canalblog.com/archives/2015/07/13/32341612.html

, et je tenais à partager avec vous ma gratitude concernant votre travail dans la promotion des femmes.
Je souhaitais juste vous suggérer de partager également un guide important sur la cybersécurité des femmes, qui a été récemment publié. Il a été écrit par des femmes pour des femmes, et donne les outils nécessaires pour se protéger en ligne. 
https://fr.vpnmentor.com/blog/le-guide-de-la-securite-internet-pour-les-femmes/

J’ai plutôt apprécié les conseils qu’ils donnent pour chaque situation ainsi que des actions concrètes. 
D’avance merci pour votre aide dans la protection des femmes en ligne 
Bien cordialement, 
Abella 

 

https://www.univ-lille.fr/actualites/detail-actualite/

Pour te donner 1 idée de mes difficultés informatiques, au moment d’écrire ces 3 lignes et de publier, ça fait 3/4 d’heures que je me débats pour mettre l’article en ligne.

Publicité
Publicité
Commentaires
J
Bonjour Diogène, <br /> <br /> <br /> <br /> Concernant les blogueurs évoqués, par anonymat j'entendais silence. Liens morts, pages disparues, chacun a repris le cours de sa vie, auteurs comme lecteurs-commentateurs-débatteurs. Le blog fut un instant d'une époque, il a pu bénéficier d'un effet de mode, coller à un courant qui fit l'actualité à un moment donné - représenter un repère. <br /> <br /> L'anonymat semble être de rigueur dans le web franco-français, hors personnalités et transfuges des media. A chacun ses raisons, elles peuvent être multiples et personnelles, parfois le pseudo prend le pas sur le nom vrai chez ceux qui savent qui est qui (à l'exemple de ton serviteur, transfuge de la littérature underground passé à la disco revival !). Quoi qu'il en soit, le web est et restera un gigantesque bal costumé où "Je est un autre". <br /> <br /> Les Américains nous aiment bien, c'est exact, peut-être s'agit-il d'expats qui, au travers d'écrits plus personnels, aiment à entendre parler du pays dans une autre langue que celle de nos media, réputés de propagande. Peut-être s'agit-il de francophiles francophones, qui seraient dans la même démarche. Nous sommes passés, à l'Etranger, des stades de repère, de modèle à celui de bête noire. Quelques présidents fantoches sont passés par là. Les Nord-Américains sont bien placés pour savoir distinguer les personnalités d'un pays, de son peuple - de ce qui constitue la persistance de l'âme d'une nation, le coeur même de sa culture. <br /> <br /> <br /> <br /> Je n'ai pas grand chose d'autre à ajouter que ce que j'ai écrit plus haut à propos du féminisme. Je crois, avec le vieux Freud, qu'on ne peut considérer l'autre sexe d'égal à égal (dans les deux sens) qu'au-delà d'un certain seuil de maturité. Seuil non-atteint par une politicaille dont la mentalité, dans l'ensemble, laisse à supposer qu'elle n'est jamais sortie de la cour de récré - et j'ajouterais, à propos des individus en place, et ce sans distinction de genre, que ce n'est pas l'intelligence qui les étouffe. Puis, quand j'écris autre sexe, je devrais employer le pluriel, au regard de la silencieuse révolution qui s'est engagée depuis plusieurs années, dans un sens encore difficile à cerner pour qui est étranger à la nébuleuse LGBTQI, ou qui l'observe de loin avec un téléscope aux focales rendues imparfaites par les approches souvent contradictoires qui en sont exposées. Mais révolution il y a, plus perceptible sans doute dans les grandes métropoles et dans des milieux disons urbains, branchés, que dans nos petites villes et campagnes où ce qui déroge à la binarité convenue est stigmatisé.<br /> <br /> <br /> <br /> Peut-on, par ailleurs, se revendiquer féministe, d'abord en sachant précisément de quoi l'on parle, ensuite sans nourrir l'arrière-pensée d'une forme de discrimination positive (du genre je suis anti-raciste) ? <br /> <br /> <br /> <br /> Giscard a été le premier à compter dans son gouvernement une secrétaire d'Etat à la Condition féminine. Cette page Wikipedia nous donne à voir comment a évolué ce poste jusqu'à nos jours ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Ministre_charg%C3%A9_des_Droits_des_femmes ). Je ne ferai d'autre commentaire que celui-ci : si l'on avait voulu, depuis tout ce temps, établir la parité, on avait dix mille occasions de le faire et on ne l'a pas fait. <br /> <br /> Le débat reste ouvert. Il y a fort à parier qu'il en reste au stade du débat. <br /> <br /> Vieille habitude française...
Répondre
L
D’abord, une mise au point. Je suis aussi anonyme dans la mesure où, au début, ce blog a été conçu pour répondre à la demande de très bons amis qui regrettaient nos longues discussions après que j’ai dû changer de région. Par conséquent, eux savent qui je suis mais, finalement, n’ont jamais trop regardé mon blog. D’autre part, en recherche d’emploi à l’époque (et encore aujourd’hui mais pour des raisons d’age canonique), je ne voulais pas que mon nom figure sur la toile. <br /> <br /> Aujourd’hui, ayant échoué à intéresser un large public, je me contente des mes habitués et de qq curieux de passage, généralement loin d’ici et, le plus souvent, aux États -Unis. Je sais pas pourquoi. Je publie le lien de mes articles sur Facebook où mes suiveurs savent désormais que je suis l’auteur de ce blog mais Canalblog n’est pas couplé à Facebook ou alors, je sais pas comment.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Sur le féminisme, j’ai bien pris soin de mettre en avant l’égalité des revenus à travail égal. J’ai envie de dire comme Léo Ferré : « Donnez du pognon à tout le monde et y aura plus de gens de gauche ». Tout passe par le pognon. C’est bien pour ça que les féministes qui travaillent dans la fonction publique ou comme cadres dans des grosses boites ou dans les milieux artistiques ou médiatiques peuvent se permettre de réclamer « l’écriture inclusive » pendant que beaucoup de femmes voudraient avoir simplement un peu de temps pour souffler et un peu d’argent pour se faire plaisir ou faire plaisir à ceux qu’elles aiment, car les femmes pensent souvent à leur entourage avant de penser à elles-mêmes.<br /> <br /> <br /> <br /> J’ai évoqué aussi toutes ces femmes qui partent au boulot le ventre noué à l’idée d’affronter encore les remarques grossières, les blagues salaces, dès leur arrivée. Et il va falloir faire avec toute la journée et y en a marre mais il faut continuer. Du boulot, y en a pas partout et quand on a passé la quarantaine, c’est encore plus dur. On le dit des femmes mais c’est pareil pour les hommes. Et puis, il y a tous ces petits soucis quotidiens qui, accumulés, deviennent insupportables et d’autant plus insupportables que personne n’en parle. <br /> <br /> Ce qui m’a frappé, dans les reportages sur les dernières élections aux États-Unis, c’était que les personnes interrogées parlaient de leur vie quotidienne, de choses concrètes et notamment du boulot et des revenus. En France, on diffuserait jamais des témoignages comme ça et les gens ont le sentiment de n’être pas entendus et que personne ne s’intéresse à leur problèmes quotidiens. Je cite souvent la campagne pour la présidentielle de 2012 où aucun candidat n’a abordé les questions de santé publique. Quand on est une femme, c’est encore plus criant. Seulement, comme l’humain est complexe, il porte et exprime nombre de contradictions que l’ami Jérémy a citées. Il n’y a pas que les hommes qui critiquent le physique des femmes connues ou l’âge de l’épouse du PR. Aujourd’hui, beaucoup de femmes mettent un point d’honneur à ne pas se revendiquer féministes de peur, peut-être, de ne pas être reconnues féminines ou, pire, d’être taxées d’hystériques ou de lesbiennes. Elles oublient que c’est le combat de celles qu’on insultait de la sorte qui a conquis les droits qui leur paraissent aller de soi mais qui sont remises en cause après deux ou trois décennies d’accalmie. Ce qui se passe au niveau de la protection sociale devrait faire réfléchir et montrer que ceux qui ont lâché le morceau à un moment n’ont jamais renoncé et, au nom des « réformes », est rogné petit à petit. Le salaire minimum, le salaire tout court même, les congés payés, l’assurance maladie, les allocations chômage et, on le voit en ce moment, les retraites, tout est remis en cause et menacé. Alors, ce qui ne concerne que les femmes est encore plus facile à réviser ; d’autant que nombre de femmes ne sont pas favorables à l’avortement et même à la contraception. Ce qui concerne la PMA et la GPA ne sont mises en avant que parce que des hommes, et des hommes en vue, les portent. Les combats féministes sont menacés comme rarement.
Répondre
J
Bon article comme à chaque fois, et je ne le dis pas pour te flatter. Rares sont les propos sensés tenus dans ce qui reste de la blogosphère où j'ai le souvenir de débats acharnés partant d'articles aussi passionnés que passionnants dont les auteurs sont à ce jour retombés dans l'anonymat. Il reste quelques pionniers qui continuent d'assurer. Je ne citerai pas de noms, ne mentionnerai aucun lien. Les connaisseurs s'y reconnaîtront. <br /> <br /> <br /> <br /> Le féminisme : je l'ai toujours considéré avec la méfiance dont je me prévaus à l'endroit de tous les "ismes". D'abord, je ne vois pas à quel titre quelques femmes disposant d'une visibilité médiatique pourraient nourrir la prétention de s'exprimer au nom des femmes en général. Visibilité ne veut pas dire crédibilité. Tout porte-parole admis à s'exprimer publiquement, ne porte jamais que la parole admise, qui vaut pour une caution à la "diversité" quelle qu'elle soit. Ce qui gène concrètement sera survolé ou carrément tû. <br /> <br /> <br /> <br /> Ainsi du féminisme. De belles théories qui ont évolué avec les décennies sans suivre le cours du temps, théories souvent hors-sol exprimées par des femmes qui, comme tu le dis, avaient et ont peu de soucis matériels à gérer. Théories qu'elles étaient et sont à même d'exprimer parce qu'elles ont une visibilité. Ce qui en limite la portée. Théories qui ont méchamment évolué (sur certains blogs dont je ne fournirai pas les liens, trop content de les avoir oubliés après les avoir parcourus horrifié) vers une misandrie présentant les hommes en général comme des loups à abattre. De la revendication à la castration symbolique ou l'art de la généralisation à partir de quelques cas désespérés de machos tyranniques : même chose que si je déduis que tous les Noirs sont des agresseurs potentiels lorsque je me fais rançonner dans la rue par un Noir. <br /> <br /> <br /> <br /> Si on fait un parallèle avec la question des banlieues, qui en parlerait le mieux ? Non pas le rapper "arrivé" hyper-remonté contre le système au début de sa carrière qui, des années après, une fois renommée et fortune faite, conseille aux jeunes des quartiers, en bon père de famille qu'il est devenu, de prendre le premier job du moment que c'est un job ? Tu commences anar, brother, et tu te retrouves libéral ? Loin des quartiers que tu es trop content d'avoir quittés, pendant que les fils et les filles de ton public d'alors ont viré au rap hardcore et qu'on leur propose des stages comme à leurs papas-mamans. Mais la parole de la mère de famille maghrebine, africaine, du chibani qui a vu évoluer son quartier depuis qu'il s'y est installé, voire même depuis qu'il l'a construit, la parole du prolétaire qui vit là et qui y a élevé ses gosses, cette parole-là, de terrain, on ne l'entend jamais, ou alors sous le sceau de la sacro-sainte vie associative, une version expurgée, on se bouge, on monte des assos', on socialise dans les clous, mais ce n'est pas la parole des désaffiliés que moi, j'aimerais entendre, même si je sais qu'au bout du compte ça ne se sert à rien qu'on la leur donne, ça ne sert à rien d'entendre dire ce qu'on sait lorsqu'on ne se voile pas la face, le dégoût d'une société qui vous a rejeté dans ses marges, la guéguerre continuelle avec l'Administration, les impayés, la mal-bouffe, le sentiment de solitude, d'insécurité, de rejet. La peur de tout. <br /> <br /> <br /> <br /> Les féministes que je lis sur le web aiment à se cantonner dans ces grandes théories qui font certes ponctuellement avancer les choses (#metoo...) mais qui restent quand même des théories. Parler de culture du viol ou de gender-studies sera bien vu dans les cercles intéllectuels et intéressera éventuellement l'éditeur, la chroniqueuse de télé, la productrice de France-Culture à l'affût d'un sujet, mais ne parlera pas à la ménagère qui a du mal à finir le mois, l'employée de bureau moins payée que ses collègues mâles, la fille seule au RSA qui ne trouve plus de boulot qui tienne la route passé 40 ans, la nana qui se voit demander en entretien d'embauche si elle compte tomber enceinte dans les mois à venir. <br /> <br /> <br /> <br /> Les contemptrices de la femme-objet, cheval de bataille des féministes post-soixante-huitardes, se sont royalement plantées. Il n'est qu'à voir les belles plantes qui parcourent nos rues court vétues, jouent les faire-valoir sur nos écrans, leurs aînées friquées aux traits figés par le Botox. On moque l'âge de Brigitte Macron, raille le physique d'Angela Merkel, glose sur les multiples opérations de chirurgie esthétique qui donnent une impression d'immuabilité au personnage de Ségolène Royal. A l'inverse, on qualifie Martine Aubry de pot à tabac et le web fourmille de photos offrant des vues vertigineuses des jambes de Najat Valaut-Belkacem. Indépendamment de son physique, la chanteuse écossaise Susan Boyle a beaucoup de talent. Mais quand on parle (encore) de Susan Boyle, c'est au sujet de son physique. Miley Cyrus, Shakira, Jennyfer Lopez n'ont aucun problème pour vendre leurs disques. On remercie les filtres numériques qui permettent à n'importe qui de passer pour une chanteuse. <br /> <br /> <br /> <br /> On redevient sérieux. Les femmes gagnent moins de fric que leurs jules à travail égal ? Ce sont les syndicats qui n'ont pas assuré, et les féministes en vue qui pour certaines ont hérité de portefeuilles ministériels. La parité des salaires ne devrait plus être une revendication depuis au moins l'après-guerre, mais la norme. Or on n'y est pas. On glose, comme toujours en France face à une question sociétale qu'on ne veut pas se donner les moyens de résoudre. On se fout de savoir au fond si c'est culturel, si ça tient à ce qu'on est une société patriarcale héritée du judéo-christianisme. Un salaire c'est du concret, c'est du pouvoir d'achat, c'est la reconnaissance, symbolique et en espèces sonnantes et trébuchantes, d'un travail. <br /> <br /> <br /> <br /> Ce que je sais pour l'avoir expérimenté dans ma vie personnelle, c'est cette espèce d'automatisme culturel qui amenait les femmes qui ont partagé (ou sont passées dans ) ma vie à empoigner un ustensile a priori unisexe qui s'appelle un balai. Balai qu'à chaque fois je leur prenais des mains. OK ! J'oublie facilement mes balayures entassées dans un coin, je n'ai qu'à prendre la pelle et exit. Mais ce réflexe, il était là. Comme celui de prendre les commandes de l'évier au moment de la vaisselle. Ou pire, de se proposer pour nettoyer les sanitaires quand j'avais oublié de le faire. A chaque fois, refus de ma part. Parce que je trouve ça humiliant. Non qu'on me fasse comprendre que mes chiottes laissent à désirer et que mes balayures font désordre, mais qu'en tant que nana, on trouve normal d'empoigner le balai, de se coller des gants Mapa. Il paraît qu'on n'est pas à l'aise avec le ménage, nous autres vieux garçons, et que c'est à cause de ça (aussi ?) qu'on a besoin d'une femme à nos côtés.... Ben dis donc, on n'est pas rendus ! <br /> <br /> <br /> <br /> Au passage, je trouve aussi humiliant pour nous mecs, que certaines femmes, et pas toujours le type de femmes auquel on pense, nous voient comme des pourvoyeurs de confort et de sécurité matérielle. On n'est plus du temps des chasseurs-cueilleurs, le monde a tourné depuis le néolithique. <br /> <br /> Ah bon ? Je me trompe ?
Répondre
la lanterne de diogène
Publicité
la lanterne de diogène
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 219 721
Newsletter
Publicité