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la lanterne de diogène
5 septembre 2019

La culture pour survivre

La une du numéro de Marianne (n°1171 du 23 août 2019) pointe « Les ignares au pouvoir ». S’en suit une série d’articles qui mettent en évidence la baisse, qu’on ne peut plus dissimuler, du personnel politique (surtout) et du personnel médiatique. Les exemples fournis sont édifiants, tout en reconnaissant que chacun a le droit de faire des boulettes ou des lapsus. On peut ajouter que le terme « d’ignare » est péjoratif et désigne celui qui ne cherche pas plus loin que le strict nécessaire. Or, ce nécessaire se réduit avec les instruments d’aujourd’hui qui pallient les lacunes et fonctionnent avec de simples exécutants. Tout autre est l’ignorant car il est bien évident que personne ne peut tout savoir. Ça ne change rien au fond du problème que nous avons déjà évoqué à plusieurs reprise ici-même et notamment dans Les preuves d'inculture générale et dans L'inculture à l'épreuve des faits - réponse 1 à Gyges

On retrouvera d’autres occurrences avec le tag (mot-clé) « inculture ».

Plus récemment, nous avons montré comment depuis plusieurs années, le personnel enseignant vole au ras des pâquerettes, notamment parce que les formateurs, depuis longtemps, ont mis l’accent sur les expériences pédagogiques au détriment du contenu et, aussi et surtout, parce que tous les ministres de l’Éducation Nationale, depuis 40 ans, s’ingénient à supprimer des heures d’humanités, en général sous prétexte d’alléger la semaine de travail des élèves. Enfin, lors de la série d’articles sur le Brevet des Collèges, nous avons montré qu’il favorise les « ignares », comme dirait Marianne avec un bel euphémisme, les « cancres », comme dirait le père de Riad Sattouf, qui ne met pas de gant pour dire les choses. Après tout, pourquoi pas, au nom de l’égalitarisme qui a désormais remplacé la méritocratie républicaine, mais le pire c’est que ces épreuves totalement inutiles et scandaleusement truquées stressent nombre de ceux qu’on n’a plus le droit de qualifier de « bons élèves ». On a rappelé, récemment, que Mme Valaud-Belcacem s’est ingéniée, au ministère de l’É-N à éradiquer l’élitisme, terme péjoratif pour désigner la méritocratie républicaine, en supprimant les bourses liées aux résultats ou en mettant fin aux classes européennes qui attiraient des élèves qui ne craignaient pas d’étudier davantage.

 

Nous avons aussi dénoncé la suppression des examens ou concours d’entrée dans les Grandes Écoles au profit d’un dossier visant à montrer la motivation du candidat, vérifiée au cours d’un grand oral. Finie, donc, la copie anonyme qui assure l’équité des candidats. Comme toujours dans ce qui touche à l’É-N, on affirme le contraire de ce qu’on fait. On remarquera aussi que toute la sphère anti-écolo (chasseurs, pro-corrida, viandards etc.) excelle dans ce domaine en se faisant systématiquement passer pour victime de l’intolérance, d’un lobby vert surpuissant, d’un véritable terrorisme, quand c’est elle qui aime les animaux et défend le mieux la nature. Fermons la parenthèse. Donc, puisqu’on fonctionne à valeurs inversées, on affirme que la copie anonyme favorise un certain type de candidat, à l’aise avec l’expression écrite de connaissances acquises alors que, justement, on voudrait favoriser les autres. En d’autres termes, à l’équité de l’anonymat, on préfère évaluer à la tête du client puisque, finalement, c’est bien ça qu’il faudra mettre en avant. Il faudra signer avec sa gueule, pour reprendre une vieille expression de M. Elkabach pour les présentateurs du journal télévisé. Le dossier de une de Marianne donne aussi quelques conseils pour réussir dans ce monde dominé par les ignares et, notamment, l’usage de formules toute faites, si possible truffées de mots anglais qui ont aussi l’avantage d’exclure ceux qui n’adhèrent pas au système. Comme on n’en est pas à un paradoxe près, ce sont ceux qui critiquent le plus le système, qui n’hésitent pas à employer le mot de capitalisme, qui fustigent la reproduction d’élites bourgeoises, qui sont les premiers à approuver et mettre en place ces nouvelles règles qui donnent un aspect attrayant avec ces artifices et maquillages qui vont plaire aux jeunes et assurer la pérennité du système. Ne rien faire qui paraisse contrarier un tant soit peu les plus jeunes.

la culture pour vivre

Quant au renoncement à la dissertation de culture générale, c’est déjà de l’histoire ancienne et bien peu savent encore de quoi il s’agissait. Pourtant, on peut dater de ce moment le début de la fin de « la culture pour vivre » ; pour reprendre le titre d’un article du Monde d’octobre 1975, signé Jacques Rigault, prélude à un livre éponyme.

Or, les dernières réactions aux deux derniers articles L'Afrique n'enchante plus et Chapeau Soir 3 ! dénoncent cet appauvrissement culturel dans les programmes de radio et de télévision. Sans doute parce que l’auteur insinue ce recul palpable de la culture à tous les niveaux et notamment dans le monde audiovisuel qui prédomine dans notre société et joue le rôle de prescripteur.

 

Marianne déplore encore que, en fait de citations, c’est le « sparadrap du capitaine Haddock » qu’on nous ressert souvent. Ici même, nous avions mentionné la citation systématique de Desproges, du « grand Desproges » même, de préférence aux intellectuels qui ont pourtant la faveur de la bien-pensance, comme Foucault ou Bourdieu. Il est vrai que, pour les citer, il faudrait les avoir lus, tandis que pour Desproges, un simple visionnage en ligne d’un ou deux sketches suffisent à extraire une formule qui servira pour à peu près tout. Pour le reste, à l’occasion du cinquantenaire de France-Inter, José Artur ironisait : « Quand on ne sait pas de qui c’est, on dit que c’est de Cocteau ». Il faudrait actualiser en disant qu’on attribue à Coluche nombre de citations de grands auteurs pour peu qu’on y décèle une pointe d’humour féroce. Quand on ajoute le conseil d’un Guy Carlier à l’adresse des candidats au bac d’il y a deux ans, de parsemer leurs copies de fausses citations, en pariant sur le fait que les correcteurs n’ont pas tout lu, on aura un tableau assez complet de l’inculture généralisée.

Or, voici ce que nous écrivions dans Les preuves d'inculture générale (2012)

Quand autrefois on mobilisait les travaux d'un Sartre ou d'un Marcuse, où l'on citait ces grands noms et quelques autres, suscitant des réactions enflammées, on cite Desproges ou, présidentielle oblige, Coluche. Des commentateurs faisaient remarquer qu'on se référait à Malraux, Mauriac, Aragon mais qu’aujourd'hui, on va chercher Mireille Mathieu, Cali, Christian Clavier. On s'étrangle en songeant que les nouveaux maîtres à penser sont les fameux chroniqueurs médiatiques qui manient l'insulte et l'outrage tout en enfonçant les portes ouvertes car, bien sûr, il ne s'agit pas de remettre en cause un système qui leur apporte la célébrité sans effort.

Entre temps, Cali a publié un livre dont L’Humanité écrit : « Une écriture irrévérencieuse, ourlée de délicatesse » et Le Figaro : « La plume est orale, émotive, invective. » . En clair, ça veut dire que le mec écrit comme il cause et qu’il cause plutôt mal mais qu’il est plein de bonnes intentions alors on oublie la forme pour ne garder que la bien pensance : des bons sentiments et des critiques de la société. Comme le gars est déjà connu, il a trouvé facilement un éditeur parisien sinon on n’aurait jamais entendu parler de ses histoires d’ado.

 

Dans La gauche a perdu la tête et sa base (2010) , nous trouvons déjà ce que Marianne énonce :

la nouvelle critique

En mettant des humoristes sur le même plan que les penseurs qui ont donné à la gauche ses lettres de noblesse et forcé l’admiration de ses adversaires, elle se prive de son atout principal : la réflexion. Le style outrancier de Georges Marchais a transformé le PCF en groupuscule quand, après la guerre, c’était un parti de masses. Il possédait une presse diversifiée (quotidienne, hebdomadaire, représentant ses courants, destinée à la jeunesse, aux femmes, etc.), des éditions de livres et de disques. Dans la mouvance du Parti, évoluaient des courants de pensée comme « La Nouvelle Critique » qui possédait sa propre revue. Bien plus tard, avec la création du PS en 1971, on a vu émerger l’équivalent mais dans une bien moindre proportion, le PS préférant –à l’exception notoire du Céres de M. Chevènement –inviter des universitaires à le rejoindre plutôt que de former les siens comme le PCF. Aujourd’hui, non seulement la gauche ne met plus en avant ses intellectuels mais elle accompagne leur mise à l’écart par les médias aux mains des groupes industriels et des grandes familles bourgeoises. La baisse considérable de la curiosité intellectuelle de la part des générations de lycéens promus par la volonté d’avoir 80 % d’une tranche d’âge titulaire du baccalauréat participe à ce mouvement.

Toujours dans : Les preuves d'inculture générale (2012)

Cette génération a été formatée pour ne s'intéresser qu'à ce qui est strictement utile ou qui a l'apparence de l'utilité. L'utilité, pour les jeunes, c'est de trouver un boulot, le plus rémunérateur possible afin de satisfaire leurs besoins. Jusque là, il n'y a rien à redire. Il est légitime de vouloir gagner sa vie et que cette vie soit la plus dégagée possible des aléas matériels. Au passage, cette préoccupation sonne comme une claque sur la figure de ceux qui prétendent que les jeunes sont des paresseux.

Nous avons parlé de « formatage ». Ici même, à plusieurs reprises, nous avons attiré l'attention sur l'entreprise engagée dès le milieu des années 1970, notamment par la réforme Haby et qui vise à vider l'enseignement de contenu afin de prévenir toute tentation de réfléchir et, partant, de contester le système. La crise qui a commencé à la même époque a considérablement amplifié cette volonté et l'a faite accepter par le plus grand nombre. Au début du millénaire, au plus haut niveau de l'appareil d'État, on a contesté, moqué, vilipendé la culture générale. À quoi sert donc d'avoir lu « La Princesse de Clèves » pour gagner sa vie comme fonctionnaire ? Le Président de la République peut bien confondre Barthes et Barthez et nommer une ministre qui confond Renault et Renaud malgré le contexte. Ça ne les a pas empêchés d'être élus légitimement. Les futurs cadres, qui essuient les bancs de Science-po n'ont que faire des grands auteurs. Leur ignorance ne les empêche pas d'analyser des rapports, des graphiques et produire de bonnes notes de synthèse. Alors, à quoi bon ? Mieux vaut passer ses loisirs à tapoter sur son téléphone ou son ordinateur ou jouer sur sa console de jeux plutôt que de lire des phrases écrites à l'encre sur du papier.
Cette semaine, nous apprenons que l'épreuve de culture générale a été retirée du concours d'entrée à Science-po, au nom de la non-discrimination à l'entrée.
http://www.letudiant.fr/etudes/iep/reussir-les-epreuves-dentree-a-sciences-po-11137/culture-generale-a-sciences-po-apprenez-les-principales-doctrines-philosophiques-19180.html

Il est beaucoup plus simple de supprimer l'épreuve de culture générale en attendant que la culture générale disparaisse à son tour ou soit enfermée dans hangars poussiéreux. Gageons que les journalistes qui seront formés à partir de 2013 nous gratifieront de leurs inventions, leurs approximations, leurs prononciations déplacées.
http://www.temoignagechretien.fr/ARTICLES/&Eacute%3Bditorial/Pays-de-culture/Default-41-3416.xhtml

et quand Michel ONFRAY parle de la France et des médias résume « La social-démocratie parle à gauche et gouverne à droite, c'est sa signature », nous disions :

Une grande partie de la gauche accepte le capitalisme. Mitterrand, lui-même, se vantait d’avoir « réconcilié les Français avec l’entreprise ». Soit, l’entreprise –comme le marché avant elle –existait avant le capitalisme. Pourtant, c’est le premier pas vers l’acceptation du système puis vers l’acceptation de son hégémonie. Sans contestation, le système capitaliste manque de ses retenues traditionnelles et se permet tous les excès.

Cette acceptation du capitalisme par la gauche, lui fait tolérer ses excès et, surtout, la détourne de toutes les propositions visant à instaurer une société qui ne laisse personne pour compte. La gauche de gouvernement se détourne depuis au moins ces vingt dernières années de sa base intellectuelle et philosophique (sans pour autant recoller avec le peuple) pour se placer dans un accompagnement du capitalisme à peu près accepté par tous tout en accompagnant la contestation au lieu de la susciter. Pour caricaturer, on pourrait dire que la gauche tolère les inégalités tant qu’elles ne sont pas criantes et tant que les salaires augmentent. D’ailleurs, c’est pendant les années d’inflation que la gauche est montée en puissance et a fini par accéder au pouvoir. Paradoxalement, c’est en y mettant fin qu’elle s’est coupée de sa base ouvrière qui avait pu financer une amélioration de son train de vie par l’inflation (les traites perdaient de leur valeur), chose impossible depuis.

Malheureusement, rien n’est venu démentir ce constat dressé voici une dizaine d’années. Les tendances se sont amplifiées puisque toute référence culturelle est désormais bannie et qu’une des promotrices des nouvelles conditions d’entrée à Sup de Co se vante de préférer ceux qui s’adonnent aux jeux vidéos, persuadée (ou prétendant l’être) qu’on y pratique un meilleur anglais qu’en participant à des stages à l’étranger. Nous avons aussi écrit à la fin de l’année scolaire qu’il coûte moins cher (« Il faut faire des économies ») de de falsifier les notes des examens pour qu’un maximum de candidats obtienne le viatique que de donner les moyens au plus grand nombre d’acquérir des connaissances, surtout si elles servent à développer l’esprit critique et remettre en cause le système.

Pourquoi y attacher autant d’importance, après tout ? La culture est la marque d’un groupe humain. Cela va du port de la barbe ou d’un collier jusqu’à l’art et aux écrits. On peut ajouter les expressions plus modernes du cinéma, de l’informatique, de l’intelligence artificielle, des sciences en général. Un pays qui renonce sciemment à sa culture envoie un signal fort aux autres en leur signifiant sa soumission. Privé de références, d’esprit critique, il est prêt à toutes les concessions exigées par ceux qui entretiennent encore une culture identitaire. Cela peut aussi vouloir dire renoncer à la démocratie (de plus en plus décriée d’ailleurs et, à valeurs renversée, présentée comme un moyen de domination) ou, plus simplement à une qualité de vie. La réduction des services publics n’est possible qu’avec une population dépourvue d’instruments analytiques et disposée à accepter ce que les manipulateurs du langage imposent. La culture caractérise un groupe mais permet aussi à l’individu de se défendre et de survivre.

 

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Commentaires
L
J’ai créé un tag « apartheid social » car il me semble que c’est la réalité. J’avais commencé à écrire un essai sur ces mondes parallèles ou, plutôt, superposés. Je voulais démontrer que le discours officiel, politique et médiatique, fonctionne comme si l’exclusion n’existait pas. Comme si des milliers de personnes ne vivaient pas sans abri, comme si des dizaines de milliers ne vivaient pas dans des logements insatisfaisants, comme s’il n’y avait pas plus de dix millions de privés d’emplois (sans compter les précaires), comme s’il n’y avait pas des centaines de milliers de personnes vivant dans des zones où règne une loi parallèle etc.<br /> <br /> <br /> <br /> Les allocations familiales comme source de revenus n’est pas nouveau. Autrefois, certaines familles programmaient l’achat d’équipements en fonction des enfants à venir. C’est ainsi qu’on a procédé à l’achat d’une télévision, puis d’un téléviseur couleur, puis d’un magnétoscope, puis d’un écran plat et maintenant d’un écran géant. Les temps changent. L’irresponsabilité de ceux qui procréent est grande mais aucune voix ne peut s’élever contre. Lors de mes séjours en Afrique, j’en entendu à plusieurs reprises des personnes juger sévèrement des familles, plus ou moins stables, dont l’activité principale consistait à faire des enfants sans avoir la moindre source de revenus. Pour le petit peuple africain, ce sont-là des « criminels ». Il ne faut pas croire qu’il existe une culture de la procréation sous les tropiques. En revanche, en France où, comme tu l’as rappelé, cher Jérémy, le système est très favorable, les abus sont nombreux mais, comme partout, personne n’ose s’attaquer à ce tabou alors même que tout le monde est d’accord. <br /> <br /> <br /> <br /> C’est pour cela que ma proposition me paraît raisonnable tout en envoyant un signal fort à ceux qui ne se pose même pas la question de l’avenir des enfants qu’ils mettent au monde. Oh, il n’y a pas que les parents de 5 enfants et plus qui sont dans cette logique. Ainsi, dans les villages, depuis une vingtaine d’années au moins, voit-on arriver des citadins qui fuient les loyers élevés et la promiscuité. Ils ne s’intéressent absolument pas à la vie de leur village, ne participent à rien, ne font pas leurs courses dans le magasin qui reste (quand il y en a encore un). En revanche, ils passent leur temps à demander : une cantine, une garderie, un centre de loisirs, bref, tout pour se débarrasser de leur progéniture et laisser la collectivité s’en occuper. D’autres gardent leurs enfants à la maison, ne serait-ce que pour qu’ils ne fréquentent pas les autres enfants, mais sont passés experts dans les demandes de suppléments d’allocations et ont le temps d’attendre à la CAF et de revenir autant de fois qu’il faudra avant d’obtenir la capitulation de l’employée du guichet qui, de son côté, se rend compte que son interlocutrice, entre le cumul des allocations, des aides, de la non imposition, a des revenus supérieurs à elle qui doit se lever tôt pour aller bosser, qui doit déposer ses enfants à la crèche ou à l’école en passant et qui doit subir toute la journée les exigences et l’agressivité des allocataires. <br /> <br /> <br /> <br /> À l’heure où un nouveau débat agite la société française sur la procréation, il serait bon de demander pour quoi faire. À quoi répond le besoin d’avoir des enfants ? Il est bien entendu impossible de le réaliser mais il serait intéressant de demander à chaque couple de terriens ce qu’il recherche dans l’enfant à venir. En fait, je crois que 99,99 % (en étant optimiste) ne se pose même pas la question : ben, c’est comme ça ! Faut bien !<br /> <br /> <br /> <br /> Quant à « Soleil Vert », j’observe que ce film est souvent cité sur les réseaux sociaux depuis quelques temps. Nombre de signes nous montrent qu’on s’en approche : surpopulation, répression policière, pénurie alimentaire. Il n’est que de voir cette dernière information : https://www.ulyces.co/news/ce-scientifique-suedois-preconise-de-manger-de-la-chair-humaine-pour-sauver-la-planete/<br /> <br /> <br /> <br /> Pas vu les autres films :(
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J
On croise les doigts pour qu'en matière de prospectives humaines, les auteurs de science-fiction se soient (pour une fois) trompés... Je pense à "Soleil Vert", à "Bienvenue à Gattaca", à "Idiocracy" que j'ai tant de fois cité (là on est en plein dedans, avec 500 ans d'avance !). <br /> <br /> <br /> <br /> Sur les allocations familiales... Je vais peut-être te choquer, Diogène, et ce n'est jamais que mon opinion, mais je ne suis pas pour que l'on finance les procréations itératives. Ou alors, on limite à deux rejetons. <br /> <br /> Je trouve que beaucoup de parents pensent surtout à eux quand ils font trois, quatre puis cinq enfants, et pourquoi s'arrêter là puisque ça constitue une source annexe de revenus. On ne crée pas des vies pour s'assurer un meilleur train de vie. Combien voit-on de ces vies-là promises dès l'adolescence à des existences errantes... Combien en voit-on évoluer à peu près dans les rails pour combien d'autres qui vont traîner les rues au-delà de la trentaine... <br /> <br /> <br /> <br /> Là où je vis, on est, pour parodier la novlangue des technocrates, "au cœur de cette problématique" que Bourdieu qualifiait de "destin social" : quartier pourri, école pourrie, collège pourri, boulots précaires ou pas de boulot du tout. Voie royale vers le carrefour des impasses : chômage, came, trafics, survie, conflits répétitifs, la zone. <br /> <br /> C'est une autre question, et elle est taboue, qui se pose aussi dans les favelas brésiliennes, les slums américains, les townships sud-africains, les territoires perdus de "LA" République que sont les cités des périphéries de nos grandes villes, et elle se pose a fortiori chez nous où il est bien connu qu'il n'existe pas d'apartheid, ni social ni racial. Puisqu'on est "LA" République. <br /> <br /> <br /> <br /> Il faut penser à ce que sera la vie que l'on donne, y réfléchir à deux fois... Naguère, chaque quartier avait son bureau du planning familial, c'était une bonne chose, c'était même une sacrée avancée et peu de gens savent que ce sont les anarchistes espagnols qui sont à l'origine du concept de planning familial. Aujourd'hui, dans ce domaine, c'est comme pour le reste, on est dans le laisser-aller, le je-m'en-foutisme, l’État verse des allocs à des couples et à des mères célibataires qui fabriquent des mômes année après année en quantités industrielles sans réfléchir une seconde à ce que sera la vie de ces mômes... <br /> <br /> <br /> <br /> Il n'y a plus l'usine pour embaucher, il n'y a plus que des PME aux effectifs réduits et sous contrats à durée déterminée ; il y aura de moins en moins de concours d'entrée dans la Fonction publique pour ceux qui auront franchi l'étape du Bac. Déjà dans les années 90, je me souviens avoir discuté avec un gars qui était parvenu à la trentaine et qui n'avait que des successions de formations à son actif, pas un seul "vrai" emploi. J'ai une amie qui collectionne les contrats pourris depuis qu'ils existent, avec d'interminables périodes de chômage. Elle a passé la cinquantaine, elle a un trou de huit années dans son CV, depuis qu'elle est entrée dans l'âge où on n'embauche plus. Quelle retraite touchera-t-elle dans dix ans ? Des exemples comme ceux-là, on pourrait en citer des centaines. Ces exemples-là sont le produit de quarante ans d'errance d'une société française qui s'est coulée dans le moule européiste sans se retourner sur les dégâts collatéraux. Il n'y a pas dix mille solutions si on veut s'éviter le clash : ou on prend conscience qu'il y a un apartheid français qui est à la fois social et racial, et dans un pays où la mauvaise foi et l'hypocrisie sont des institutions, c'est pas gagné ! et on met en place un revenu de vie qui permettra à tout le monde de vivre correctement, ou on continue sur la lancée nihiliste imprimée par le fatidique "tournant de la rigueur" de 1983, on continue à se payer de mots, à se faire croire que tout va bien, et on imagine très bien ce qui s'ensuivra, pour autant qu'on soit lucide...
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L
Tout vient d’être dit sur les besoins de repeuplement et de main d’œuvre à la suite de l’une puis de l’autre guerre mondiale. Aujourd'hui, les cartes sont rebattues mais l’on fonctionne dans ce domaine, comme dans tant d’autres, avec des schémas du 19e siècle, à peine adaptés. C’est pour cela que nous proposons de verser l’allocation familiale dès le premier enfant, celui qui coûte le plus cher. Après, il conviendrait d’arrêter les frais au 5e. En général, on répond « 5, c’est déjà beaucoup ! ». Certes mais il faut tenir compte des familles recomposées et ne pas pénaliser non plus ceux qui ont envie d’avoir beaucoup d’enfants. Au-delà de 5, il est irresponsable de compter sur la collectivité pour faire bouillir la marmite. <br /> <br /> <br /> <br /> Je sais bien que les courbes sont là, que les statistiques aussi mais, même en tablant sur un essoufflement du rythme des naissances, compte-tenu du nombre de personnes en ages d’avoir des enfants, il n’y a aucune raison, alors que nous serons 8 milliards d’ici un an au plus tard, qu’il faille attendre encore 30 ans pour parvenir à 10 milliards. Plus vraisemblablement, nous y serons avant 2040. Quant à la planète qui pourrait nourrir 13 milliards (dernier nombre avancé après avoir commencé à 8 milliards et reporté à mesure qu’on s’en rapprochait), si tout le monde le voulait bien, si l’on mettait en place les circuits de redistribution, si l’on se décidait à partager etc., la question qui se pose est de savoir ce que l’on fera lorsque nous aurons atteint ce nombre. Faudra-t-il que l’ONU édicte une loi mondiale interdisant de faire de nouveaux enfants ou qu’elle oblige à éradiquer les plus anciens ou les plus faibles (malades, infirmes etc.) ? <br /> <br /> Toutes ces prévisions démographiques sont ridicules et dangereuses. De plus, à l’instar de la science-économique, la démographie sert tout au plus à mesurer la population au moment présent mais sûrement pas à prévoir ce dont auront besoin ceux qui vont venir après. Sinon, ma génération et la suivante n’auraient pas connu les classes surchargées, les amphis bondés (pour ceux qui ont étudié), et surtout le chômage de masse et l’insuffisance de logement.
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J
On ne peut évoquer l'explosion démographique en passant sous silence le tabou de la régulation des naissances et un autre tabou, qui est celui de la course aux centenaires - où la France n'est pas du genre à convoiter le rang des outsiders. Tout en sachant pertinemment qu'on en restera aux problèmes posés et au risque de se voir taxé de quelques noms d'oiseaux par les bénis-oui-oui de la moraline ambiante. <br /> <br /> <br /> <br /> On pourrait dire aussi, à l'approche de la soixantaine, "après moi le Déluge !". Ceux qui viennent après se débrouilleront. <br /> <br /> <br /> <br /> Régulation des naissances sera entendu sur le mode du contrôle étatique des naissances selon un schéma totalitaire, par la majorité de nos congénères, imprégnés de la moraline précitée aggravée d'une dose encore massive de conditionnements judéo-chrétiens. L'on contre-attaquera par l'évocation du fascisme. Il faut être facho pour penser ça, et je ne crois pas que beaucoup se réfèreraient au malthusianisme , du moins publiquement, sachant que vu le niveau culturel des populations contemporaines, il doit se trouver deux individus sur cent pour avoir entendu parler des théories de Thomas Malthus. <br /> <br /> Pour rester dans notre paysage franco-français, et pour parler crûment, on avait besoin à la sortie de la Première guerre mondiale et de main-d'oeuvre et de chair à canon. Il fallait reconstruire le pays, il fallait des ingénieurs, des maçons, des mineurs, des ajusteurs sur les chaînes de montage, et des biffins pour défendre le pays au cas où éclaterait une seconde guerre, ce qui n'a pas manqué de se produire. A la sortie de cette Seconde guerre mondiale, même schéma. Reconstruction du pays et se son industrie et nécessité d'une réserve de biffins, au cas où la Guerre Froide dégénèrerait en Troisième guerre mondiale. <br /> <br /> On imagina la création d'allocations servies aux parents d'au moins deux enfants. Cela se fit d'abord de manière sporadique et par secteurs, l'initiative venant quelquefois de patrons d'industries. Le principe des allocations familiales allait se généraliser entre 1929 et 1932 (loi Landry, gouvernement Laval). La loi est bouclée en 1948. Ce dispositif existe encore de nos jours, même si depuis 2015, le montant des allocations familiales est modulé selon les revenus déclarés du foyer. <br /> <br /> <br /> <br /> Ceci expliquant cela, la France est le seul pays d'Europe où le taux de fécondité se maintient. En détaillant ce tableau (https://www.uniondesfamilles.org/allocations-familiales-europe.htm ), on constate que la France est de loin le pays d'Europe qui applique la politique la plus volontariste à l'endroit de la natalité. <br /> <br /> Pour rester dans le second degré, nous avons moins besoin d'ingénieurs (nous en avons de trop et combien sont au chômage ?), de maçons et d'ajusteurs (nous importons les premiers et avons délocalisé les usines où pourraient travailler les seconds), nos mines sont fermées, nos voies ferrées sont entretenues à la va-comme-je-te-pousse tant qu'il en existera encore des secondaires et que le TGV ne sera pas vendue à quelque multinationale, nos lignards EDF sont promis au précariat et de toute façon d'importation moldave, quant à notre armée, vu les moyens qui lui sont alloués, à part prendre part à des guerres lointaines au sein de coalitions, encadrer les kermesses de village de redoutables hommes en armes dans le cadre de Vigipirate et éventuellement, protéger notre clique politicienne et l'exfiltrer en Uruguay au cas où le mouvement des Gilets Jaunes passerait de la guérilla urbaine à la guerre civile déclarée, notre armée n'appelle plus à l'embauche massive de biffins voués au casse-pipe, qu'elle ne serait d'ailleurs plus en mesure de nourrir, loger, blanchir, former, rétribuer et arroser de packs de Kronembourg. <br /> <br /> <br /> <br /> J'imagine le sort du député qui aurait l'idée d'émettre un projet de loi limitant le versement des allocations familiales à deux rejetons... <br /> <br /> <br /> <br /> Mais il est de fait que l'explosion démographique est d'autant plus préoccupante que nous ne pouvons, nous autres occidentaux - et à quel titre ? - y avoir prise dans la mesure où ses épicentres se situent en Afrique et dans les pays du tiers-monde et les pays émergents, et sachant que ses principaux vecteurs sont d'ordre religieux et tiennent à l'ignorance ou à l'interdiction pure et simple des techniques de contraception. Les trois religions monothéistes et leurs dérivés encouragent à la procréation. L'athéisme est très peu répandu, voire fustigé dans certains pays. <br /> <br /> <br /> <br /> Nous serons dix milliards en 2050. Nous sommes dans les sept milliards répartis sur 10 % de la surface terrestre. Quant à notre petit pays, il devrait approcher les 75.000.000 d'habitants en 2050. Nous étions 50.772.000 en 1970. L'espérance de vie plafonne autour de 90 ans pour les femmes, 80 pour les hommes. <br /> <br /> Ceux qui s'émeuvent publiquement de cet état de fait ne seront plus là en 2050. <br /> <br /> D'ici-là, le débat est ouvert....
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L
Bien vu, d’autant plus que la plupart des Américains (au sens continental du terme) sont plutôt des gens décontractés qui ne se prennent pas au sérieux. Il suffit d’entendre une entrevue entre un journaliste et un artiste (souvent de variétés) ici ou là. Les réponses des Français sont édifiantes : ils ont tous beaucoup travaillé pour préparer cet album, ils ont fait appel à Machin qui est le plus grand arrangeur du moment, sont allés enregistrer au studio Bidule à NY avec Sam McBullocks, ils ont travaillé dans des conditions difficiles mais avec du matériel de pointe et le résultat est là. Un artiste anglophone dira plutôt qu’il a trouvé l’inspiration en se promenant à la plage, qu’il s’est enfermé dans un studio avec des musicos et qu’il espère que le public partagera son plaisir.<br /> <br /> <br /> <br /> Les démocraties ne tiennent plus leurs promesses et ça craint ; d’autant qu’on est davantage exigeant. Quand on partait de l’absolutisme et qu’on découvrait la démocratie formelle, il y avait un tel progrès qu’on en redemandait. Quand on n’a connu que ça, on est sensible à la moindre interdiction. Aujourd'hui, on entend de plus en plus : « On peut plus rien dire, on peut plus rien faire ». En fait, à côté d’interdictions visant au mieux être, à la santé, à la sécurité, aux règles pour cohabiter avec de plus en plus de monde, s’ajoutent des interdictions dictées par les modes du moment. Au bout du compte, ça fait beaucoup et ça devient intolérable et, finalement, il y a rejet en bloc sans discernement.<br /> <br /> <br /> <br /> L’égalité des chances est un leurre qui est régulièrement pointé par des statistiques peu commentées sur le nombre d’enfants d’ouvriers (ou de petits salariés) sortant des grandes écoles. Dans les années 1970 et 1980, les syndicats et associations d’étudiants mettaient cette inégalité en avant pour protester contre le système bourgeois et la reproduction de la classe dominante. Aujourd'hui, c’est pire et bien peu s’en émeuvent. Mieux, il se trouve des gens pour combattre l’élitisme (comme Mme Valaud-Belkacem) plutôt que de donner les moyens à tous de parvenir à cet élitisme. C’est ce que j’ai dénoncé avec la série d’articles sur le Brevet des collèges et la fin des examens d’entrée dans les Grandes Écoles. <br /> <br /> <br /> <br /> J’évoque souvent « La Stratégie du choc » de Naomi Klein qui démontre comment, à la faveur d’une catastrophe quelconque, on en profite pour imposer des mesures inacceptables. L’essai date de 2007 et cite plusieurs exemples à l’appui de la démonstration mais, de mon côté, il me semble que le choc fondateur de tout ce qui se passe d’insupportable est le premier choc pétrolier de 1973 et de la crise qui a suivi et qui n’est toujours pas terminée ; au point qu’on s’y est habitué, que la plupart des gens qui vivent aujourd'hui n’ont connu que la crise et que les plus vieux gardent un vague souvenir de ce que c’était avant. La crise a marqué le début de la revanche du patronat et de la finance qui impose un retour en arrière sur tous les progrès sociaux et économiques conquis dans les années après la guerre. Cette revanche est aujourd’hui entérinée depuis que M. Rafarin a commencé d’appeler « réformes » toutes les régressions. C’est d’ailleurs ce qui a conduit à la création de ce blog. <br /> <br /> Dans l’émission du samedi septembre, les journalistes économistes ont rappelé que l’on a, à peu près bien vécu jusqu’à la fin des années 1980 et que la pauvreté a commencé à s’installer durablement en 1990. En fait, dès 1983, les signes extérieurs de pauvreté sont apparu et le terme de « nouveau pauvre » a été employé avant d’être détrôné par le sigle impersonnel (et d’ailleurs erroné) de « SDF » pour faire désigner les malheureux, exclus du système et survivant sans abri.<br /> <br /> https://www.franceinter.fr/emissions/on-n-arrete-pas-l-eco/on-n-arrete-pas-l-eco-14-septembre-2019<br /> <br /> <br /> <br /> Néanmoins, la base de ma réflexion, depuis les années lycée, demeure la démographie. Avec les élections en Tunisie, on a évoqué à nouveau le suicide de ce jeune diplômé, désespéré de ne pas trouver de travail malgré ses compétences validées. Le problème, c’est que c’est partout pareil (j’en sais quelque chose) parce que, partout, maintenant, se trouve pléthore de diplômés et qu’on n’en a pas besoin de tant et que partout se trouve pléthore de main d’œuvre et qu’on n’en plus besoin. Or, tout ce monde sur le banc de touche a néanmoins besoin de vivre, de manger et d’autres petites choses indispensables. Pourtant, la réponse de la classe dominante a été de revenir sur tous les progrès sociaux, de gérer les pénuries et d’exercer un chantage sur les masses sur l’air de : si vous n’êtes pas contents, il y en a plein d’autres qui veulent votre place. Ainsi, la classe dominante est-elle tout à fait favorable au travail des femmes et à l’immigration qui permettent d’entretenir des bas et même des très bas salaires. Pendant ce temps, les profits explosent et ceux de la classe moyenne, traditionnellement moteurs de revendications et de progrès, qui ont les meilleurs revenus dans leur catégorie, sont encore assez nombreux pour faire tourner l’économie et n’avoir aucune raison de vouloir que ça change. Aux dernière nouvelles, on en est toujours là. <br /> <br /> <br /> <br /> Ce n’est pas souvent que je citerai M. Sarkozy à l’appui mais il faut reconnaître la justesse des ses propos récents : https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/le-plus-grand-choc-mondial-sera-t-il-demographique-plutot-que-climatique-comme-l-affirme-nicolas-sarkozy_3596599.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20190908-[lestitres-coldroite/titre3]<br /> <br /> <br /> <br /> Il prend soin de préciser qu’il faut traiter le choc climatique mais que le choc démographique s’imposera avant. Nous serons bientôt 8 milliards sur Terre et les nantis n’ont aucune raison de se restreindre tandis que ceux qui sortent de la pauvreté ne pensent qu’à rattraper le temps perdu et venger leurs ancêtres qui ont subi la misère. Ni les uns, ni les autres ne sont sensibles aux quelques membres de la classe moyenne qui prônent la sobriété de crainte de manquer. Avec la réchauffement climatique, même l’eau vient à manquer dans les zones tempérées ou, se déverse de manière catastrophique, entraînant la corruption des terres fertiles et détruisant l’habitat. À cela, la réponse des démographes est effarante. Alors que nous sommes passés de 1960 à 2000, de 3 à 6 milliards en <br /> <br /> 40 ans, que nous avons gagné encore 2 milliards en 20 ans, ils nous annoncent 10 milliards à l’horizon 2050. Il faudrait désormais 30 ans pour gagner 2 milliards de plus alors que la population en âge d’avoir des enfants a augmenté considérablement. De leur côté, les experts débordent d’optimisme. « La Terre peut nourrir 13 milliards ». Il y a quelques années, on nous disait que la Terre pouvait nourrir de 8 à 10 milliards mais, à mesure qu’on se rapproche, miraculeusement les le potentiel augmente alors même que, de par le bétonnage des terres (notamment pour loger la surpopulation), l’exploitation des terres rares (notamment pour les composants électroniques dont les besoins explosent), les surfaces cultivables diminuent et que le gaspillage n’arrête pas. Bien sûr, les religieux ne veulent même pas en entendre parler. Les uns continuent d’en appeler à une fraternité humaine et à un partage qui n’ont jamais existé (du moins pas suffisamment) tandis que d’autres s’en remettent à la bonne volonté divine qui choisit de donner la vie ou de la reprendre. <br /> <br /> <br /> <br /> Parlant de démographie, on peut se demander comment près de 99 % de la population mondiale tolère d’être exploitée par 1 % du reste. Simplement, le système est assez fort pour laisser croire qu’une organisation inégalitaire est préférable, dans la mesure où elle entretient l’illusion qu’on peut se trouver du bon côté. De nos jours, cette illusion est amplifiée par des médias de plus en plus efficaces qui sont au mains des tenants du système : industriels et financiers.<br /> <br /> <br /> <br /> Maintenant, en France, le rapport à l’État est ambigu. Avec le réactivation des théories fumeuses de l’École de Chicago, qui veut voir la puissance étatique disparaître pour laisser faire « la main invisible du marché », on nous apprend, tout à fait officiellement et légalement, à détester l’État. M. Sarkozy était même allé jusqu’à faire passer une loi qui obligerait les consommateurs à délaisser EDF pour ses concurrents et l’obliger à leur céder ses capacités. Ça devait servir de modèle pour tous les services publics. Justement, parlant de services publics, on constate aussi un glissement sémantique. « État » est désormais employé systématiquement dans un sens péjoratif. Dans un sens positif, quand on est de gauche, on parle de « services publics » et quand on est de droite, on ne voit que les « fonds souverains » qui servent à renflouer les déficiences de la finance. <br /> <br /> Qu’on soit de droite ou de gauche, on est éduqué à détester l’État. L’État organise la régulation et la législation, détestables pour la droite tandis que l’État commande la police et l’armée pour la gauche. Le plus drôle, c’est que les deux se rejoignent et s’entretiennent. C’est sans doute ce qui explique plus sûrement qu’un système aussi injuste perdure puisque ceux qui devraient théoriquement s’opposer se rejoignent plus souvent qu’à leur tour.
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